Comme des reines
6.2
Comme des reines

Téléfilm de Marion Vernoux (2021)

Pas une critique juste un article du Monde et un de Télérama

J'avais déjà vu ce film, l'an passé, je l'avais trouvé dérangeant, mais il montre si besoin est, ... une fois de plus , ce qui peut se passer parfois dans des familles, encore aujourd'hui 23 juin 2022 !

Replay actuel https://www.france.tv/series-et-fictions/telefilms/3533389-comme-des-reines.html

diffusé le mer. 22.06.22 à 21h10 disponible jusqu'au 21.08.22

À noter, le film était suivi du documentaire Infra Rouge de 2019 : Pornographie : un jeu d'enfant

diffusé le mer. 22.06.22 à 22h53 disponible jusqu'au 21.08.22

https://www.france.tv/documentaires/societe/1074755-pornographie-un-jeu-d-enfant.html

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Pas une critique juste un article du Monde et un de Télérama publiés le 22 juin 2022

https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/06/22/comme-des-reines-sur-france-2-marion-vernoux-filme-au-quotidien-de-jeunes-vies-a-vendre_6131621_3246.html

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« Comme des reines », sur France 2 : Marion Vernoux filme au quotidien de jeunes vies à vendre

La cinéaste met en scène avec une précision glaçante la trajectoire d’une collégienne devenue prostituée.

« Comme des reines », sur France 2 : Marion Vernoux filme au quotidien de jeunes vies à vendre

La cinéaste met en scène avec une précision glaçante la trajectoire d’une collégienne devenue prostituée.

Par Thomas Sotinel

Avant de voir Comme des reines, il faut enlever au film de Marion Vernoux son dossard service public. C’est bien sûr un film à sujet, en l’occurrence la prostitution des mineures, et ses initiateurs ont été guidés par la volonté d’informer, de dénoncer. Si la réalisatrice et ses interprètes accomplissent ces missions, elles y parviennent en faisant l’économie du didactisme, de la psychologie, de l’excès d’empathie. Comme des reines met en scène avec une sécheresse et une précision glaçantes un moment atroce et banal dans la vie d’une très jeune fille.

Samia (Sarah Isabella) vit avec sa mère (Karole Rocher) et son aînée, bonne élève. A 15 ans, Sarah n’aime pas l’école. Jolie (elle fait penser à une version méditerranéenne de Reese Witherspoon), elle trouve sans peine le chemin de fêtes fréquentées par ses aînés, qui ne font aucun cas de son jeune âge. Elle y fait la connaissance de Louise (Nina Louise) et de Jessica (Bintou Ba), qui ont quitté leur famille pour la « protection » d’un jeune et joli proxénète, Nico (Idir Azougli, que l’on avait vu dans le long-métrage Shéhérazade, en 2018, qui traitait, sur un tout autre registre, du même sujet). Il a promis à Louise qu’ils emménageraient bientôt dans une belle maison, au bord de la mer.

Aura de désespoir

Les trois interprètes, toutes débutantes, incarnent chacune à leur manière le mélange d’omniscience et d’aveuglement d’une génération qui a découvert le monde à travers Internet. Elles savent tout de leur condition, de leur place dans la circulation des marchandises (leurs corps), mais croient naïvement à la possibilité d’échapper au piège qu’on leur tend sous leurs yeux. Scénario et mise en scène tournent résolument le dos à l’imagerie de la fille mise sur le pavé qui irrigue la fiction française, de Fantine à Shéhérazade en passant par Casque d’or. C’est un risque, car il faut bien avouer que le trio inspire plus d’exaspération que de compassion.

Quand le regard s’éloigne de la vie quotidienne des jeunes femmes et de leur proxénète, faite d’éclairs de luxe clinquant et de moments d’ennui (mais dans ce cas, engoncée dans son habit de téléfilm, l’histoire manque de temps pour se déployer), on suit les efforts de la mère de Samia et des parents de Louise (Bernard Campan et Nathalie Richard) pour ramener leurs filles au bercail. Ni l’amour, ni la raison, ni la police n’y parviennent et cette impuissance entoure le récit d’une aura de désespoir.

Dans ses dernières séquences, le rythme s’emballe, pas tant pour faire circuler l’adrénaline que parce qu’il faut bien la boucler, cette histoire. Là encore, Comme des reines se tient à distance, à la fois de la conclusion réconfortante et de l’excès tragique.

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https://www.telerama.fr/ecrans/comme-des-reines-sur-france-2-la-prostitution-adolescente-loin-de-tout-voyeurisme-7011025.php

“Comme des reines”, sur France 2 : la prostitution adolescente loin de tout voyeurisme

Emilie Gavoille Publié le 22/06/22 mis à jour le 23/06/22

Trois ados sans problèmes tombent sous la coupe d’un jeune proxénète. Le téléfilm “Comme des reines” aborde ce sujet risqué avec intelligence, sans en éluder la réalité crue. La cinéaste Marion Vernoux évoque sa genèse et son tournage.

Qu’est-ce qui a conduit Samia, Louise et Jess, trois adolescentes sans problèmes visibles ni blessures apparentes, à se prostituer et à tomber sous la coupe de Nico, proxénète à peine plus âgé qu’elles ? Si ce n’est l’illusion de pouvoir vivre « comme des reines », ainsi que le suggère le titre du très bon téléfilm diffusé sur France 2. Il choisit délibérément de laisser la question en suspens, en assumant, dans le même temps, de regarder en face la réalité crue de leur quotidien – les passes, les clients, la dépossession de soi, la fuite en avant…

Une fiction sur le fil, justement récompensée par plusieurs prix lors de l’édition 2021 du Festival de télévision de Luchon, et qui doit beaucoup à ses scénaristes, Sandrine Gregor et Mélina Jochum. À leur important travail de documentation, à la finesse de leur écriture au service de ce sujet périlleux, intelligemment mis en scène par la cinéaste Marion Vernoux (Personne ne m’aime, Les Beaux Jours…). Laquelle renoue, après Rien dans les poches (2008), avec la télévision. Et nous livre ses souvenirs d’un tournage intense.

Vous êtes souvent scénariste ou coscénariste de vos films, ce qui n’est pas le cas ici. Qu’est-ce qui vous a amenée à réaliser “Comme des reines” ?

À l’hiver 2020, on m’a proposé ce script, que j’ai lu très vite. Tomber sur un scénario aussi bien construit et dialogué est très rare. Il était réaliste, pas du tout manichéen, et je voyais bien que les deux scénaristes avaient énormément travaillé en amont, que je pouvais leur faire confiance.

J’ai tout de suite dit oui à la productrice, Joëy Faré. Et puis le Covid est arrivé… Le projet allait-il se faire ou pas ? Personne n’avait de visibilité. Puis, en mai, on a reçu le feu vert, et il a fallu aller vite : la préparation en juillet, la recherche des comédiens en août. Et en septembre, on a tourné pendant vingt et un jours. J’aime bien bosser dans l’énergie. Or là, il fallait beaucoup, beaucoup d’énergie !

Comment avez-vous choisi vos comédiens, et notamment les plus jeunes d’entre eux ?

Les trois jeunes filles n’étaient pas des actrices professionnelles. C’était une pression supplémentaire, outre le fait de devoir tourner si vite, en portant des masques entre chaque prise… Nous avions lancé un appel sur les réseaux sociaux en demandant aux jeunes intéressés de nous envoyer des vidéos.

Sarah Isabella, l’interprète de Samia, qui a eu 16 ans l’été du tournage, nous avait par exemple envoyé une vidéo TikTok dans laquelle elle était impressionnante. Elle s’est imposée très vite.

Idir Azougli était le plus chevronné, il avait notamment tourné dans Shéhérazade [de Jean-Bernard Marlin, 2018, ndlr]. Je tenais absolument à ce qu’il incarne le proxénète, et je me suis battue pour qu’il ait le rôle. La chaîne trouvait qu’il ne correspondait pas au personnage décrit dans le scénario – un beau gosse dont personne ne se méfie. Il ne devait pas être étrange, or Idir l’est, assurément : à la fois assez féminin et effrayant.

Il y a un autre rôle que j’ai eu du mal à caster, pour lequel il ne fallait pas que je me plante : celui de Rayanne, gros caïd et vrai méchant, qui intervient dans une scène difficile et déterminante. J’ai appelé Rabah Nait Oufella (Ibrahim, Arthur Rambo), qui est venu tourner une journée.

Comment avez-vous travaillé avec les jeunes acteurs non professionnels ?

On a fait beaucoup de lectures, pour qu’ils s’approprient le texte, sans non plus trop le transformer – ils me rajoutaient des « t’es sérieuse ? » à tout bout de champ ! En amont du tournage, j’ai fait venir un coach, l’acteur Djanis Bouzyani, avec qui j’avais travaillé sur Bonhomme.

Il vient du monde du cabaret [il a notamment collaboré avec le chorégraphe Philippe Decouflé au spectacle du Crazy Horse, ndlr], et je lui ai demandé de travailler avec les comédiennes en amont de scènes où elles devaient engager leur corps. Il les aidait à préciser leurs attitudes, à se positionner. Pour moi, c’était une condition sine qua non.

Avez-vous rencontré d’autres difficultés lors du tournage ?

Le plus dur, au regard des moyens et du peu de temps dont nous disposions et des contraintes liées au Covid, c’était les scènes de fête. Il se trouve que j’en ai tourné pas mal dans ma vie, je suis un peu une spécialiste ! En général, quand c’est « sexe, drogue & rock’n’roll », on vient me chercher.

Là, il s’agissait de scènes de boîtes de nuit, de séquences sur une péniche, d’une fête qui tourne au drame dans une maison. J’avais quand même sacrément les pétoches. Il fallait réussir à créer une ambiance alors que la seconde d’avant tout le monde sur le plateau portait un masque… Ce sont les figurants, en particulier les figurantes, dont beaucoup de strip-teaseuses qui se baladaient à moitié à poil, hyper à l’aise, qui ont aidé à détendre l’atmosphère !

Quand on traite un sujet comme celui-là, la question du point de vue est fondamentale. Comment savoir où porter son regard ?

C’est un téléfilm diffusé à une heure de grande écoute sur une chaîne du service public : même s’il n’est pas dans ma nature d’en montrer trop, il ne fallait pas risquer une interdiction aux moins de 18 ans. Dans le même temps, il ne fallait pas se cacher derrière son petit doigt, et montrer la réalité de ce que font ces adolescentes, de ce qui leur arrive, en tenant à distance tout voyeurisme. Mon obsession, c’était d’éviter à tout prix que des spectateurs puissent être excités par ce qu’ils étaient en train de regarder.

Jean-2022
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le 23 juin 2022

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