Comme les cinq doigts de la main par ldekerdrel
Qu'est ce qu'un film d'auteur ?
Ce n'est pas forcement un film intellocrate emmerdant comme une séance nocturne à l'assemblée nationale.
Un film d'auteur n'est pas fatalement un film à petit budget fait avec des bout de chandelles ni un film obligatoirement présenté à Cannes ou au festival de Sundance.
John Carpenter, Sergio Leone, Georges Lucas, Henri Verneuil , Quentin Tarantino, Alfred Hitchcock, Visconti ,Georges Lautner, Luc Besson, Bertrand Tavernier, Claude Sautet sont des réalisateurs de films d'auteurs .
Ils sont à l'origine d'une œuvre cohérente. Ils transposent sur un grand écran une vision,un style, un savoir faire ou un message qui leur est propre et qui reste constant tout au long de leur carrière .
Alexandre Arcady, s'il n'est pas un génie du cinéma, loin s'en faut, est un auteur à part entière.
La quasi-totalité de ses films traite de la communauté juive et particulièrement les Pied noirs d'Algérie.
Il y est forcement question d'honneur, de la famille, du déracinement, de religion, du devoir de mémoire et de nostalgie et de Couscous. Cela transpire par tous les pores de sa pellicule.
Plutôt que de les transcrire dans de soporifiques pensums, Alexandre Arcady nourrit son propos de cinéma populaire (au sens noble du terme) en nous livrant des polars, des films d'action des thrillers ou des comédies grandes publiques calibrées pour une diffusion télévisée à 20 H 50.
Il est suivi dans cette démarche par tout un groupe d'acteurs fidèle, pied noirs comme lui.
Roger Hanin, Richard Berry, Patrick Bruel (qu'il lancera), Gérard Darmon, Marthe Villalonga font partie de ses fidèles.
Ces films marquants sont le coup de Sirocco, qui raconte la difficile adaptation d'une famille de pieds noirs rapatriés en Métropole après la guerre d'Algérie. Le Grand pardon , sons grand succès, est une transposition réussie du Parrain de Coppola dans l'univers des Pieds Noirs.
D'autres films comme « le Grand Carnaval », « K, » « l'union sacrée », « entre chiens et loup » sont plus dispensables mais se laissent regarder facilement lors de leurs nombreuses diffusions télévisées.
C'est dire si son nouveau film « les cinq doigts des mains « ne faisait pas partie des attentes cinématographiques majeures de l'année tant on est habitué à ses thèmes de prédilection.
Pourtant, plutôt que de se cogner un énième film de super héros ou la dernière production Besson , on choisit de rentrer dans la salle des cinq doigt de la main pour meubler cette après midi ou l'on avait décider d'aller au cinéma sans savoir trop quoi voir.
Une fois encore Arcady nous plonge dans une famille de Pied noirs.
Mais cette fois ci, celle ci est une famille de la deuxième génération. Le casting est donc rajeuni. Comme un symbole, Patrick Bruel qui jouait le rôle de l'ado dans le coup de Sirocco tient désormais celui du chef de famille autour de Vincent Elbaz, Pascal Elblé et Mathieu Carravaca .
Une famille qui est plongée dans une sombre histoire de vengeance l'opposant à une famille de manouches à la suite de la réapparition du petit dernier d'une fratrie avec une balle dans le ventre un soir de kippour après des années d'absence.
Rien de neuf sous le soleil dans ce polar sans grande originalité. Arcady comme à son habitude s'attarde presque d'avantage sur la description de la famille de Pied noirs à travers ses différences et les traditions qui l'unissent plutôt que le polar en lui-même.
C'est d'ailleurs ce qui est sympathique dans ce film qu'on regarde jusqu'au bout avec intérêt.
Il est clair que ce film ne révolutionnera pas le 7eme art.
Arcady reste dans son style. Il dépeint les valeurs, le folklore, la mère juive les traditions et l'honneur des pieds noirs avec la truculence qui lui est propre. Les acteurs ont l'air de prendre plaisir à participer à cette histoire.
On est dans du cinéma de divertissement populaire loin de toutes chapelles esthétisantes ou intellocrates,
C'est donc fidèle à la patte de son auteur que « les cinq doigts de la main » devrait faire une honorable carrière sur grand écran avant de cartonner lors de sa diffusion télé, sans pour autant faire oublier le Grand Pardon auquel il sera invariablement comparé.