Les aventures sentimentales de quatre amies inséparables."Comme t'y es belle" est le premier film en solo de Lisa Azuelos,qui avait coréalisé presque dix ans plus tôt "Ainsi soient-elles" avec Patrick Alessandrin,son mari de l'époque.Il s'agit d'une comédie qui se veut la version féminine,et féministe,de "La vérité si je mens!".Même structure de film de bande,même milieu socio-ethnique,même exploration des problèmes amoureux,professionnels et familiaux,sauf que c'est écrit et réalisé par une meuf et que tous les personnages principaux sont des femmes en butte au machisme,à la goujaterie et à l'indifférence des hommes,ce qui n'altère pas leur bonne humeur,du moins en surface.A priori,le film a tout pour être détestable,apparaissant d'emblée comme un énième avatar de ces oeuvres ethnocentrées exposant la Sainte Trinité parisianisme-judaïsme-boboïsme si chère au cinéma français,et ça plus le militantisme féministe ça risquait fort de se révéler indigeste.De fait on a droit à notre ration de parigots bien mis,on est avocat,esthéticienne,fiscaliste,peintre ou créatrice de crèmes de beauté,on parle et on rit fort en zonant entre salon de beauté,boîtes de nuit,synagogue et repas de famille couscous-boulettes avec lecture de la Torah incorporée,et on contourne toutes les lois possibles et imaginables en fraudant le fisc,en se garant n'importe où,en téléphonant au volant,en embauchant une employée de maison maghrébine clandestine avec qui on va même se pacser pour la conserver à son service.Et pourtant le film fonctionne plutôt bien.Grâce à la mise en scène d'Azuelos tout d'abord,qui sait impulser du rythme et du dynamisme en alternant brillamment les lieux et des protagonistes présentés tantôt en groupe,tantôt dans l'intimité,en variant les différents aspects de leur vie.L'amour,les enfants,les parents,le sexe,le boulot sont ainsi évoqués au fil de scènes parfaitement calibrées dans leur durée et portées par des dialogues bien écrits.Par conséquent,au-delà du folklore et de la superficialité,les personnages sont traités en profondeur et le script leur octroie des personnalités aussi différentes qu'intéressantes,les rendant à la fois drôles,charmants et touchants,les auteurs parvenant plus ou moins à refaire le coup de "La vérité si je mens!".Il y a également une bonne utilisation de tubes "ringards" tels que "Pour que tu m'aimes encore","L'envie d'aimer" ou le duo Voulzy-Véronique Jannot "Désir désir",qui sont placés juste où il faut pour enlever certaines séquences.Rien n'aurait été possible sans le talent sûr de comédiens bien choisis.Michèle Laroque est adéquate en chef d'entreprise sous pression qui ne croit plus à l'amour et refuse de s'engager,tout comme Géraldine Nakache en romantique éprise d'un play-boy qui ne la calcule pas et la regrettée Valérie Benguigui en épouse négligée qui transgresse ses principes.Sans oublier la merveille des merveilles,l'irrésistible Aure Atika,qui était déjà dans "La vérité",superbe en fille blessée encore amoureuse de son ex et qui s'adonne à la débauche pour oublier sa peine.Le gynécée ne s'arrête pas là puisque la vieille garde est présente avec Marthe Villalonga,la mère juive officielle de l'écran hexagonal,Dora Doll en grand-mère sympa et Macha Béranger en tante furtive.Les mecs sont forcément moins en vue mais ils sont assez bons pour cependant exister,à l'image d'Alexandre Astier,le beauf ultime,Thierry Neuvic,le père célibataire séduisant,Francis Huster,l'avocat cynique,David Kammenos,un habitué des téléfilms polardeux de France Télévisions type "Meurtres à",impeccable en dragueur désinvolte,ou un Frédéric Beigbeder qui n'a guère besoin de jouer pour incarner un jet-setteur éthéré.On remarque les petites apparitions de Jonathan Cohen,Manu Payet et Hubert Benhamdine,le vétérinaire psychopathe du feuilleton "Un si grand soleil".Quant au coscénariste Hervé Mimran,il se lancera ensuite dans la réalisation en compagnie de Géraldine Nakache avec "Tout ce qui brille" et "Nous York".