J'ai beaucoup de tendresse et d'affection pour le cinéma de Podalydès, notamment parce qu'il est l'auteur d'un des plus grands films des années 90 (Dieu Seul me voit). Mais malheureusement, malgré un sursaut encourageant avec L'enterrement de Mémé, il n'est pas au meilleur de sa forme. Son cinéma a toujours été à droite, mais il a tendance à virer droite un peu réac en vieillissant. Bon, et malgré plein de qualités, plein de belles choses, Comme un avion est un film de gros bourgeois de droite, parvenu, sans prise de risques. ça s'inspire des films de Rozier, mais ça propose tout le contraire du cinéma de Rozier. Chez Rozier, les personnages partent parce qu'ils ont besoin d'ailleurs, et reviennent sous quelques jours, parfois ils ne sont pas allé très loin, mais leur vie en est changé à jamais. Ici, le perso part aussi, mais il ne va même pas vivre ce qu'il est allé chercher, il s'arrête avant, à 4km de chez lui. Alors pourquoi pas ? le message est beau. L'évasion est à deux pas de chez soi. Oui sauf que non. Ici le personnage s'arrête par facilité, parce qu'il est incapable de prendre une décision, de faire un choix, bref, d'avoir un idéal de vie. Pire que ça encore, ce qui est vraiment débectant dans ce film, c'est le sort qui est réservé à sa femme, jouée par Kiberlain. Cette femme est parfaite, aimante, présente mais pas trop, cédant à tous les caprices de son mari sans la ramener (putain la déco dans l'appart...), acceptant sans broncher qu'il se casse en kayak, et lui, la première chose qu'il lui vient à l'esprit, dès qu'il en a l'occasion, c'est de tromper sa femme. Mais pas de la quitter, surtout, hein, il ne faudrait surtout pas rompre son confort de petit bourgeois de merde, mais allez niquer tranquille sans se faire capter et revenir la queue basse comme si de rien n'était, là pas de problème... Bref, tout ça est bien débectant, d'autant plus dommage qu'il y a des choses magnifiques, mais trop rares, dans ce film, je pense notamment au personnage joué par Agnès Jaoui, qui est lumineux et très émouvant, et qui permet au film d'aborder très bien sa question la plus essentielle, celle de la renaissance du désir après un deuil. Mais malheureusement, au lieu de s'attarder sur ces vraies belles choses, Podalydès préfère retrouver son sentier balisé et sans risque (il l'a d'ailleurs bien compris, car il se fait à chaque fois insulter par Arditi).