Crescendo à la violence sourde qui éclate dans un final saturé de rouge électrique et de zones d'ombres, un final bouquet tel que Minnelli adorait les parfaire, mêlant le brutal et le tendre, le sacré et le profane, la blancheur d'une robe de mariage à la noirceur d'une arme à feu.
En sacrifiant Shirley McLaine (Ginny Moorhead) sur l'autel du technicolor, c'est bien l'amour qu'on assassine, l'amour de la légende, celui qui ne demande rien, celui qui est tout et qui donne à tout sa valeur et sa vérité.
Comme un torrent se nourrit de l'Amérique provinciale, de ses hypocrisies et de ses aspirations pour en donner un tableau presque parfait, saisi au vif comme une œil halluciné par la vérité qu'il délivre, comme une oreille en mal d'opéra tragique.
Revu 24.11.2021
Copie 35mm (magnifique sensation)
Petites notes :
Forces en présence et montées en intensité, montagnes russes du sentiment (--> fête foraine) :
Le jour et la nuit, Dr Jekyll & Mr Hyde, la sobriété et l'alcool, la bonté et la méchanceté (dans la voix de l'autre et dans le regard), la bourgeoise et la putain - l'instabilité foncière de l'être humain (Dave Hirsh) canalisé uniquement par la sainteté de Ginny (l'amour, le don de soi, ne pas se mettre dans le chemin (de Miss French), ne pas gêner mais se mettre sur le chemin de l'arme à feu pour protéger celui qu'elle aime...).
Regard de Ginny Moorhead sur Rosalia, prostrée, quand Bama (Dean Martin) vient d'être poignardé.
Scène de la chambre d'hôtel : autant de couleurs musicales que de gestes. 5, 7 ? ruptures d'orchestration voire de style musicaux en une minute trente, deux minutes... Opéra.
Autres films particulièrement insistants sur ces vagues (et sur le passage brutal du creux au haut de la vague, et inversement) : Pierrot le fou.