Comme une épouse et comme une femme par Maqroll
Drame poignant de Mikio Naruse, ce cinéaste si original qui a poursuivi tout au long de son œuvre un thème récurrent et quasiment unique, celui de l’étude de la condition de la femme au Japon. Les femmes sont le plus souvent courageuses, travailleuses, aimantes et fidèles, les hommes se montrant faibles et lâches… Le rôle principal, celui d’une maîtresse qui sacrifie tout à son amour pour un homme marié, est tenu ici, comme dans Une femme monte l’escalier, par Hideko Takamine, une fois encore déchirante de vérité. Le seul reproche que l’on peut faire à ce film (comme à tous ceux de Naruse) est l’envahissement trop fréquent des dialogues par une musique omniprésente et parfois redondante. Ceci mis à part, la mise en scène est impeccable, la direction d’acteurs précise et juste et le scénario, très sobre, nous gratifie d’une fin à la Tchekhov, avec lequel Naruse possède de toute évidence des affinités électives et qui l’a sûrement influencé : le présent est noir mais à force de travail, on peut espérer en l’avenir... Tout un programme pour ce Japon de l’après-guerre, battu et humilié mais possédant l’idée fixe de se relever. Un des grands chefs-d’œuvre de Naruse, à voir sans hésitation.