De toute les comédies de Cukor, « Born Yesterday » (1950) ou « Comment l’esprit vient aux femmes », titre français réducteur, est sans doute l’une des meilleures. C’est aussi l’une de celle qui a su garder toute sa pertinence. En effet à notre époque ou la débilité la plus crasse est célébré comme une vertu, « Born Yesterday » prône l’exacte contraire, l’élévation par la culture, l’art et le savoir. De ravissante idiote, Billie (admirable Judy Holiday) devient tout simplement ravissante. Paul (William Holden) n’en fait pourtant pas une prix Nobel, tout en appréciant Beethoven elle continue à écouter du be-bop en cachette, mais elle apprend à se servir de ses connaissances comme d’une arme pour s’émanciper du joug de Harry Brock, dur à cuir à la fois homme d’affaire et gangster peu aimable. Elle finira par le traiter de Fasciste avant de claquer la porte. Le film est également une belle leçon de démocratie, au sens le plus noble du terme, à travers les écrits de Thomas Jefferson notamment qui, à sa manière, sert de modèle à notre héroïne. « J’ai promis de m’élever contre toute forme de tyrannie sur l’esprit des hommes » à son modeste niveau ces mots serviront de déclencheur pour une salutaire rébellion, un exemple à suivre.