Le titre français pourrait nous faire croire à une comédie de mœurs allègre et gentiment impertinente sur les femmes : il n’en est rien. S’il ne néglige pas de nous faire souvent rire, le film comporte tout de même un aspect dramatique qui le rend beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît. En effet, la position de Billie, qui se détache de plus en plus du monde corrompu dans lequel elle a grandi, afin de se tourner vers les enseignements de l’histoire de son pays, est l’occasion de réfléchir sur les Etats-Unis et la démocratie. Mais il faut reconnaître que, si le contexte de l’après-guerre a pu favoriser cette ode à la démocratie américaine, vue aujourd’hui, elle prête davantage à sourire, étant donné que la corruption dénoncée par Billie et Paul apparaît tout de même comme une des constituantes principales de la démocratie américaine telle que nous la connaissons aujourd'hui... Pour toucher vraiment au cœur du problème, il aurait fallu développer le contraste entre l'idéalisme un peu naïf des deux protagonistes et l’impossibilité de la tâche louable qu’ils se sont fixée, à savoir débarrasser le gouvernement de toute corruption et rétablir l’égalité de tous devant la loi, égalité rêvée par tous les grands hommes qui ont forgé l’Amérique. Ce contraste est ici trop légèrement mentionné. Il n’en reste pas moins que, comme beaucoup de films de Cukor, celui-ci conserve une fraîcheur plus qu’agréable, principalement par le biais des acteurs principaux, et particulièrement de Judy Holliday, qui livre ici une prestation réjouissante, justement récompensée par un Oscar. Et, pour naïve qu’elle soit, la réflexion aborde des sujets majeurs, qui peuvent alimenter un certain débat. Un Cukor mineur, mais intéressant.