Servi par un trio déjanté, la caricature du nouveau Renard flanqué d'un assistant aussi déridé que Daniel Craig et d'une bras droit musclée, culotée et qui a tendance à entrer sans frapper et sans freiner, ce spoof-movie à la germano-suédoise fait du bien !
D'abord, parce qu'il ne se présente pas tout de suite comme le pastiche Zazesque qu'il devient très vite et qu'il s'ingénie à reprendre les codes des téléfilms policiers germaniques psycho-socio-thrillers: même mise en scène, même grisaille thématique pour mieux leur superposer des gags loufoques dingues à la façon d'un Airplane. Le décalage est là et il fonctionne !
Notamment avec l'inversion des codes: le topo sur des meurtres avec images insoutenables qui s'avère fait devant une classe d'enfants en pleurs; le méchant qui ouvre son tiroir muni d'un révolver pour punir le fautif et lui tape sur les doigts avec une règle tandis que les flics usent d'engins de torture tout droit sorti d'un labo de scientifique fou amateur de l'Inquisition espagnole !
Ensuite parce que tout spoof-movie qu'il est, il conserve une identité propre, imitant un style général du polar allemand et non l'un d'eux en particulier. Ce qui lui permet de poser un réel bon personnage d'antagoniste et de lui opposer trois héros bien léchés (dans tous les sens du terme, même les plus abjects), entre le Renard, James Bond et Leeloo. Un trio vite adorablement fou et un méchant assez inattendu qui se paye le luxe d'un twist pourtant si incroyablement éculé. Le luxe de quelques belles trouvailles scénaristiques qu'on ne recherche plus dans ce genre de film:
L'antagoniste non pas ennemi originel du protagoniste mais de son second, des fausses pistes soit complètement déjantée (l'enlèvement du héros un sac sur la tête qui s'avère une surprise sado-maso de son adjointe, la fille naturelle du flic qui ne cherche absolument pas à se venger de son père absent et se prend gamelle sur gamelle) ou probables mais tournées en dérision (l'amant qui tue le mari ... ou en réalité le prétend parce qu'il reconnaît avoir aussi tué JFK, le tueur qui joue sur le cholestérol du flic pour l'assassiner en lui faisant livrer une pizza).
Le film ose, cogne littéralement, fait valser l'hémoglobine comme des paillettes et sa catharsis sanglante décroche forcément un sourire aux plus coincés des spectateurs.
Le tout proposant en toile de fond un message de lutte contre le piratage moins grotesque, moins moralisateur et plus efficace que les spots étatiques que tout un chacun a pu se voir infligé sur ses DVD achetés mais aussi sur la malbouffe et sur la joie de vivre.
Alors: où ça pèche ?
Parfois trop scatophile dans certains gags: crachats, mains pleines de sauce peu ragoutante, jet d'organe, etc.
Parfois tant dans le pastiche zazesque que ça peut être indigeste.
Peut-être et surtout aussi pour son ultime scène qui est en trop, fait l'impasse sur les deux seconds de l'anti-héros du jour et n'apporte rien sinon une conclusion à une piste narrative tertiaire sans grand intérêt lorsque le feu d'artifice final suffisait amplement ... et la longueur de cette ultime scène qui se permet une suite en générique fin ... lourd, lourd, lourdingue.