Une nuit de 12 ans
Sale temps pour les pêcheurs, Mr. Kaplan : en deux films, le réalisateur uruguayen Alvaro Brechner s'est imposé comme un cinéaste majeur d'Amérique latine. Son troisième long-métrage, Compañeros,...
le 4 nov. 2018
7 j'aime
Sale temps pour les pêcheurs, Mr. Kaplan : en deux films, le réalisateur uruguayen Alvaro Brechner s'est imposé comme un cinéaste majeur d'Amérique latine. Son troisième long-métrage, Compañeros, dont le titre original est La nuit de 12 ans, possède une toute autre dimension, moins dans la fantaisie, avec le sujet de la dictature en Uruguay, dans les années 70 et 80. Et plus particulièrement le sort de prisonniers tupamaros qui, pour avoir échappé à la mort, n'en ont pas moins servi d'otages pour le gouvernement, confinés à l'isolement dans différents lieux de détention. Le film s'intéresse plus particulièrement à 3 d'entre eux dont l'un deviendra d'ailleurs quelques années plus tard président de la république d'Uruguay. Mais avant cela, lui et ses compagnons ont connu les privations et les tortures autant morales que physiques sans que jamais ils ne passent en jugement. Il est question de résistance humaine, avant tout. Comment peut-on vivre en étant traité comme un déchet humain sans pouvoir dialoguer avec qui que ce soit ? Alvaro Brechner fait preuve d'une grande maîtrise dans sa mise en scène et le montage témoigne d'une grande intelligence, faisant ressentir de façon épidermique l'abandon de ces hommes et leur incroyable capacité à ne pas s'effondrer malgré les brimades. Il y a aussi une poignée de flashbacks et quelques moments d'humanité, y compris entre geôliers et détenus, qui réussissent à sortir le film de la gangue de douleur dans lequel il aurait pu s'enfermer. Un peu de poésie, un brin d'humour et surtout une formidable bouffée d'émotion finale : Compañeros est un film terrible qui ne cesse pas de croire à la lumière malgré des jours et des nuits complètes d'obscurité. A l'image de ceux qui ont su ne pas céder devant l'arbitraire, pendant 12 ans.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon Arras Film Festival 2018, Au fil(m) de 2019 et Les meilleurs films de 2019
Créée
le 4 nov. 2018
Critique lue 5.1K fois
7 j'aime
D'autres avis sur Compañeros
Sale temps pour les pêcheurs, Mr. Kaplan : en deux films, le réalisateur uruguayen Alvaro Brechner s'est imposé comme un cinéaste majeur d'Amérique latine. Son troisième long-métrage, Compañeros,...
le 4 nov. 2018
7 j'aime
Petit à petit toutes les dictatures militaires d'Amérique du sud vont avoir leur film. Cette fois c'est au tour de l'Uruguay. Comme nous l'annonce l'affiche, voilà un film puissant. Tous les codes du...
Par
le 28 mars 2019
6 j'aime
1
Outre l'aspect historique et réaliste du film, qui sont parmi les grandes forces de ce long métrage, la puissance émotionnelle mise en œuvre est le mât qui tient le reste. Que ce soit du côté de la...
Par
le 30 août 2019
3 j'aime
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13