Douze saisons en enfer

L’Uruguay est un petit pays qui ne fait parler de lui que tous les quatre ans pendant la coupe du monde de football. A cette occasion je deviens supporter Uruguayen et je tends toute ma volonté pour que la petite équipe réussisse à tenir tête aux grosses grâce à sa défense héroïque. L’histoire des Tupamaros se résume un peu à la même histoire : celle de la lutte héroïque des petits contre les puissants (les dictatures militaires soutenues par les Etats-Unis et la CIA). Les trois dirigeants emprisonnés Mauricio Rosencof, Fernandez Huidobro et José Mujica sont emblématiques de cette résilience face à des conditions de détention inhumaines. Frappés, torturés, privés de lumière, ils ne pouvaient se raccrocher qu’à certaines images du passé. Emprisonnés pendant douze ans de 1973 à 1985 avec le statut d’otages ils ont réussi à ne pas se suicider et à ne pas tomber dans la folie, montrant à l’occasion leur supériorité intellectuelle en rédigeant à la place des gardiens des lettres d’amour. A la vue de ses conditions de détention il est tout à fait incroyable que José Mujica soit devenu président de la république en 2010.

Le film est essentiellement un film d’univers carcéral. Ma note ne reflète donc pas l’intérêt du film ni son sens du montage (l’intérêt ne faiblit jamais) mais traduit la sensation d’inconfort du spectateur pendant presque tout le film. L’émotion parvient cependant à nous submerger pendant la séquence finale de libération. Et dorénavant je saurai pourquoi je suis supporter de l’équipe d’Uruguay.