Faite pour lui

Quand Iris a rencontré Josh par hasard dans un rayon de supermarché, le nuage noir qui dominait son existence morose s'est soudainement envolé. C'était le coup de foudre, le vrai, de ceux qui n'arrivent qu'une fois dans une vie et qui vous font dévouer corps et âme à l'être aimé. Mais, dans ce cas précis, tout de même un peu trop...

Ainsi, lorsque, quelques temps plus tard, Josh emmène Iris passer un week-end avec ses amis les plus proches dans une vaste propriété reculée, certains événements dramatiques du séjour vont amener la jeune femme à prendre conscience de la nature réelle de leur couple...

Évidemment, il aurait peut-être mieux valu éviter la dernière bande-annonce du film divulguant éhontément ce qui fait office de twist ô combien fondamental en ce début d'intrigue mais, quelque part, ce n'est pas si grave car ce premier (premier !) long-métrage de Drew Hancock est suffisamment malin pour jouer intelligemment sur cette plausible connaissance de cette révélation de la part du spectateur en vue de commencer à appuyer, avec sa complicité, sur tous les points discordants de la relation "idyllique" qu'il met en scène. Et, si le discours qui pouvait résulter d'une telle idée se laissait déjà facilement entrevoir, "Companion" va réussir à l'exulter à travers la majorité de ses virages scénaristiques, traitant du plus large éventail possible de facettes/abus d'une relation toxique (avec une subtilité à dose variable mais vraiment étonnante parfois) que son concept SF et l'intrigue à tiroirs utilisée à sa suite lui permettent.

Ce qui pourrait même jusqu'à aller métaphoriquement évoquer certains cas de soumission chimique récent se lie en effet de manière tentaculaire au récit pour réveiller de façon fracassante une héroïne ayant inconsciemment voué sa vie à un pervers narcissique de grande ampleur et dont la réalité du visage (auquel il est sans cesse lui-même confronté), tout comme la punition à venir qu'il mérite, est le moteur rugissant d'une comédie noire trouvant toujours le moyen de rebondir d'une surprise à une autre.

Dans la même continuité, "Companion" va saupoudrer ce qui aurait pu n'être qu'un énième film de coup monté à twists des possibilités offertes par son concept SF pour de nouvelles variations qui en font ressortir des dynamiques somme toute assez originales, s'étalant aisément sur un spectre de registres capable de passer du loufoque au plus pur survival en un claquement de doigt. Haut-parleur habile de son discours de fond, cette fusion des genres fait ainsi office d'un carcan qualitatif solide pour supporter "Companion" sur la durée, lui évitant tout temps mort pour aller jusqu'au bout des ressorts de l'émancipation radicale dont nous sommes les heureux témoins, même si, et il faut bien l'avouer, il manque ce petit "je-ne-sais-quoi" de folie supplémentaire au film de Drew Hancock pour nous laisser complètement dithyrambique à son sujet.

Néanmoins, on ne pourra que vous conseillez d'assister à ce "réveil" d'Iris, la proposition de Drew Hancock a suffisamment d'arguments astucieux et amusants pour se distinguer, et celui de réunir les talentueux Sophie "Heretic" Thatcher et Jack "The Boys" Quaid pour incarner les visages de ce point de rupture sentimental hors-norme (citons aussi l'excellent Harvey Guillén de la série "What We Do In Shadows") n'en est pas le moindre.