Companion
6.5
Companion

Film de Drew Hancock (2025)

Ayé, le masqué pense enfin comprendre pourquoi il fait un blocage sur cette nouvelle tendance de films supposés édifiants que l'on qualifie un peu trop rapidement de woke et que l'on porte immédiatement aux nues.


Sa séance n'aura donc pas été totalement inutile, même si le patronage des « créateurs déchaînés de Barbare » aurait dû l'alerter.


Companion ne fera pas ainsi grande exception avec les films précédents : pseudo message asséné avec son petit poing brandi habituel, trous de scénario abyssaux, stéréotypes souvent indignes, inutilité totale de personnages secondaires ravalés au rang de silhouette ou d'outils narratifs paresseux, presque aucune tare ne manque au tableau.


Le fait que le film esquisse timidement un début de réflexion sur la place des intelligences artificielles et mette en valeur le talent de Sophie Thatcher, la seule qui ait à sa disposition quelque chose à jouer, ne sauvera jamais totalement Companion du désastre.


Sauf que le film s'impose de manière éclatante, aux yeux du masqué du moins, comme un assez triste symptôme de la simplification de la pensée et du discours.


Car avec Companion, il apparaît évident que ses donneurs d'ordres et ses scénaristes ne nourrissent pas de grand soucis quant à la cohérence de ce qu'ils racontent pour porter leur message. Car il n'y a, et, c'est une nouveauté, aucune ambition artistique particulière autre qu'une baraque de riche que le commun des mortels ne pourra jamais se payer, à l'identique, troublant, du uber AirBnB que l'on nous servait dans l'insoutenable Le Monde Après Nous.


Mais surtout, c'est que Companion, et presque tous ses autres collègues, ne cherche même plus à imager son discours.


Parce qu'il faut immédiatement être clair aujourd'hui, et ne jamais susciter la réflexion. Car il faut que les intentions d'un film, voire ses « convictions » ainsi que celles de ses producteurs et de son studio, puissent être rapidement relayées par les réseaux sociaux et ainsi s'acheter une honorabilité à peu de frais.


Car il s'agit bien, ici, de ne même plus chercher à convaincre dès lors que l'on donne, finalement, ce que son cœur de cible, conquis d'avance, est venu chercher afin de confirmer sa position de victime ou l'honorabilité de sa manière de penser. Le combat est donc, à l'image, des plus transparents : résumé de manière extrêmement littérale à un affrontement, à des dialogues dangereusement simplistes ne laissant aucune place au doute, ou encore la mise en scène de l'image désespérante de ce que les plus militants se font du camp d'en face.


Dans Companion, il s'agira ainsi de dépeindre, de la manière la plus basique qui soit, la libération de la femme de l'emprise toxique d'un connard d'incel tout aussi frustré qu'unidimensionnel. Pas grave que le personnage principal ne soit, au fond, doué d'aucune volonté, comme s'il s'agissait d'une simple page vierge qui ne serait imprimée, via l'effet miroir, que des pires travers d'un gars pathétique. Parce qu'il faut tout simplement persuader du caractère nécessaire et concernant de son discours. Même si c'est au prix de rabaisser un peu plus encore l'image d'une femme en sous-entendant qu'elle n'a aucune personnalité.


Mais le plus triste, sans doute, c'est que Companion, finalement, ne s'adresse plus qu'à une seule frange du public, sans jamais tendre vers une certaine universalité de ce qu'il porte. Au cinéma, les récits d'émancipation ne sont pas une nouveauté, mais certains, comme Ex_Machina ou l'un des Spielberg les plus touchants, A.I. : Intelligence Artificielle, sur un sujet similaire, avaient réussi à parler au cœur de l'ensemble du public, sans distinction, par leurs thématiques et les émotions qui les animaient.


Or, Companion et le dernier exemple en date d'une œuvre qui échoue à s'adresser à tout le monde. Au point de penser, parfois, que de tels films supposément « engagés » ne s'envisagent plus comme donnant à son public une quelconque matière à penser ou la curiosité d'aller au-delà de ce qu'ils proposent, mais seulement une vision aussi simpliste qu'étriquée, en forme de la seule confirmation des convictions auxquelles nous pouvons adhérer et souscrire. Sans aucune remise en question, sans une seule nuance ou autre perspective alternative.


Un tel simplisme et un tel appauvrissement de la pensée devraient inquiéter. Au vu de l'étonnante moyenne sur le site, il n'en est rien. C'est que le public doit sans doute y trouver son compte, après tout.


Le masqué se contentera, lui, de penser qu'il n'est pas si bon public que cela, de pouffer de rire devant les comparaisons complaisantes avec Terminator, et de tirer la moue... Et proposera de s'intéresser à un autre film sortant cette semaine, bien plus nécessaire, intelligent et sincère : le très juste et pudique Julie se Tait.


Behind_the_Mask, love machine fatiguée.

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