Film génial sur la manipulation.
Un type se fait passer pour un Lieutenant de police appelle un Fast-Food pour qu'une employée qui aurait volée de l'argent soit fouillée et mise sous surveillance. Elle finira par être déshabillée et violée par des gens "a qui on a dit de le faire".
J'ai lu des critiques ici même fustigeant le réalisme et la réalisation du film la ou j'ai personnellement vu une fine manipulation. Alors même si je ne suis absolument pas un spécialiste dans le domaine recadrons et sourçons un peu les choses :
Toute la manipulation se base sur le principe de la soumission a l’autorité tout comme la fait Milgram dans sa célèbre expérience (ou en résumé on ordonnait à un sujet dans le cadre d'une expérience scientifique de donner des décharges électriques de plus en plus fortes a une personne jusqu’à atteindre des seuils possiblement mortels (ce que le sujet testé ne savait pas, c'est que les décharges étaient fausses) et sous le simple couvert d'une expérience scientifique et parce qu'un type en blouse leurs ordonnaient 62.5% des sujets menèrent l'expérience à terme en infligeant trois électrochocs mortels.)
Compliance c'est exactement la même chose, le type qui appelle se fait passer pour un Lieutenant de la police, c'est le scientifique qui représente l'autorité, la gérante du Fast-Food c'est celui qui administre les décharges et celui qui les subit, c'est la fille.
Tout au long du film, le "Lieutenant" ne leurs laissera pas une seconde de répit, comme le dira la gérante a la fin du film "il avait une réponse a tout ce que je pouvais dire" dès le début il utilise la technique du "faux dilemme" qui consiste à présenter deux solutions à un problème comme si elles étaient les deux seules possibles.
-Soit vous la fouiller au corps, soit nous l'emmenons au poste ou elle passera la nuit en prison
Et la deuxième grande technique de manipulation du film se met alors en place, c'est elle qui permettra au faux lieutenant d'aller jusqu'au viol : le pied dans la porte.
Le principe de cette technique étant qu'un acte peu coûteux obtenu dans un premier temps prédispose l'individu à accepter plus favorablement une requête ultérieure bien plus coûteuse.
C'est pour cela qu'il commencera par simplement demander a ce qu'elle enlève ses vêtements, puis ses sous vêtements et ainsi de suite. Bien sur que personne n'aurait accepté de directement lui faire une fouille annale, non, mais bien dosé, petit pas par petit pas cela parait "presque rien" au yeux d'une personne qui a déjà accepter de la déshabiller entièrement, de la faire sauter sur place nue entre autre.
D'autres techniques :
Le Lieutenant fait semblant de noter certains éléments pour donner plus de consistance au personnage, il se sert de la confusion entre les protagonistes et parvient a faire croire qu'il a des informations sur la fille alors qu'en faite il n'a fait que les soutirer a la manière d'une voyante, il déchargera a plusieurs reprises les protagonistes de leurs responsabilités en rappelant qu'il représente l'autorité, que tout est enregistré ect.
Et surtout : il brise le moral des protagonistes et les déstabilise en passant de bienveillant a cruel, le meilleur exemple :
Faux Lieutenant - Je sais que c'est pas marrant pour vous, mais ca va bien se passer, j'ai fait ca un tas de fois vous savez, en général ça se passe bien. Bon c'est pas agréable, ça l'est n'y pour vous n'y pour moi. Pensez a cette pauvre Sandra.
Becky - Ouais..
Faux Lieutenant - Vous savez Becky vous avez l'air d’être une fille bien honnêtement, je déteste recevoir des informations confuses et contradictoires comme ça. Je veux dire ça me perturbe autan que vous.
Becky - Oui.
Faux Lieutenant - Et donc ça serait vraiment.. plus simple pour moi et pour elle que vous soyez gentille. [...]
Becky - Oui je vois seulement, disons que tout ça est tellement fou j'ai jamais fait ça ça me fait flipper grave toute cette histoire, c'est pour ca que j'ai vraiment hâte que ca se termine vous comprenez c'que ..
Faux Lieutenant - Non non. Je comprends pas parce que moi j'ai jamais volé d'argent sur mon lieu de travail, je suis pas un malfaiteur.
La supercherie est démasquée et vient la fin du film. Et c'est LA que selon moi il devient génial.
Déjà un plan séquence de 1 minutes 35 ou on voit un flic faire le trajet du poste de police au fast-food (celui ci n'était qu'a 800 mètres, ironique et cruel quand tout le long du film le faux Lieutenant dit plusieurs fois que des agents arrivent bientôt)
Vient après un passage d'une interview de la gérante, après plusieurs réponses maladroites a des questions gênantes le film se clôt sur ce dialogue entre le présentateur et la gérante :
long silence
Gérante - Est-ce que vous êtes de la région ?
Présentateur - Non, je ne suis pas originaire d'ici.
Gérante - Oh, ah bon. Et d'ou vous venez ?
Présentateur - De la Nouvelle-Orléans.
Gérante -Oh, c'est une ravissante région, enfin si on ne craint pas la chaleur. J’ai une cousine qui est allé la bas, et elle me disait que le taux d’humidité était très élevé.
ET GÉNÉRIQUE.
Et pour moi, derrière cette discutions badine, gênante et sans intérêt se cache tapis tout le propos du film :
C'est arrivé a des gens. De simple gens. Les mêmes qui vous parlent de la pluie et du beau temps, les mêmes que vous croisez dans la rue, c'est arrivé a vos voisins, a vos parents, a vos potes, a vous même. Ce ne sont pas de dangereux criminelles qui ont violés une femme juste parce qu'on leurs a dit, non, ceux sont de simple gens.