Toi + moi + tous ceux qui sont seuls...

Toujours un peu de mal avec ces films qui ressemblent à des téléfilms (ou inversement), ce qui, d'emblée, donne déjà une idée de l'intérêt assez limité que peut inspirer le Complices de Frédéric Mermoud. Le sujet de départ, original et abordé avec réalisme (la prostitution masculine) suscite la curiosité, Descours et Meurisse n'ont clairement pas froid aux yeux (et pas qu'aux yeux), mais l'intrigue et la réalisation manquent d'ambition et peinent à accrocher vraiment le spectateur en contrebalançant tout cela par un traitement ultra classique et formaté qui rappelle trop les séries policières françaises qu'on nous sert depuis des lustres. L'atmosphère, pas suffisamment travaillée, pourra vaguement être qualifiée de "glauque", mais je tablerais plutôt sur des adjectifs comme "froide" ou "statique".


Complices, comme l'indique son titre, c'est également, et surtout, une histoire de duos, de relations qui s'entremêlent, puis tournent bien ou se terminent en eau de boudin. Vincent, pourtant fou amoureux de Rebecca (un peu comme s'il l'avait toujours connue), continue de se prostituer et, sans aller trop loin sous peine de spoiler, l'entraîne même dans sa chute. De ce fait, il se rend finalement complice du type qui gère le réseau et qu'il a le malheur de bien connaître, mais aussi d'autres actes qui vont le mener à sa perte. Autre évocation, moins prononcée : celle d'une complicité induite des parents des deux ados qui, trop occupés par leur boulot ou juste trop laxistes, n'ont pas arrangé la situation. Et au milieu coule une rivière, celle où l'on fait connaissance pour la première fois, en tout cas, avec ces deux flics rongés par la solitude, penchés au-dessus d'un corps inerte. Tandem assez intriguant sur le papier que celui incarné par Melki et Devos, dont on aura pas à se plaindre de la prestation d'acteur et d'actrice, mais qui font juste le job, tout en retenue. Une distance que l'on retrouve d'ailleurs dans leurs personnages, dont les rapports n'évoluent que très peu tout au long du film... Sauf à la fin, où, ironiquement, ce sont deux personnes censées représenter la loi et la justice qui céderont elles aussi à la complicité, sous une nouvelle facette, quitte à enfreindre quelques règles. Au petit jeu de la comparaison, on dira que c'est Melki qui s'en sort le mieux, avec un des rôles les plus intéressants de sa carrière (pas très difficile comparé aux pitreries de La vérité si je mens), là où celui d'Emmanuelle Devos reste mineur (on l'a déjà vue dans des films beaucoup plus inspirés).


Une "petite" bobine policière française qui se laisse regarder mais ne transcende en rien le genre.

Psychedeclic
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le 17 août 2016

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