Youhouuu ! La fantasy ! Où es-tuuu ?
C'est le bordel ce film. Des scènes de combats efficaces et parfois cruelles, c'est cool, sauf quand le film n'est constitué QUE de ça. Conan ne sait pas rester immobile plus de 3 secondes. Il découpe, tranche, frappe, hurle, tranche encore, bondit, cogne et tue. Tout le temps. Et on finit par oublier pourquoi. C'est à ça que ça sert, un scénario: proposer des enjeux, un monde cohérent, des personnages crédibles... Tout ce dont le film est dépourvu. Plutôt que de puiser dans l'excellentissime production littéraire de Howard, les créateurs de ce film ont préféré chier un synopsis dont ne voudrait pas un MJ de jeu de rôle: un masque dont il faut rassembler les morceaux et remplir du sang d'une jeune femme, descendante de je ne sais plus qui, pour rappeler les morts. Et y'a un gros méchant qui veut s'en servir pour rappeler sa sorcière de femme qui fera de lui un dieu. Et comme ce méchant a tué son papa, Conan veut se venger. C'est tout. Venger la mort de son père ? Libérer des esclaves par pure bonté d'âme ? Devenir serviteur d'une prêtresse soudain devenue guerrière et qui lui a sauvé la vie ? Tous les livres de Howard sont surement entrés en combustion spontanée quand cette histoire ridicule a été écrite.
Mais bon, même si ce n'est pas ce que l'on est en droit d'attendre d'un VRAI Conan, ça peut quand même être chouette un non-stop action movie...
...quand les acteurs sont crédibles. Seul Jason Momoa est habité par son rôle. Puissant, félin, sauvage, il surpasse aisément Arnold dans le rôle du barbare. Les autres sont persuadés d'avoir été engagés pour jouer dans un nanar, et on a tendance à les croire quand on entend leurs lignes de dialogue, déchets des pires" Livres dont VOUS êtes le héros".
... quand l'ambiance est là. Même pas le minimum syndical. Tout est propre, épuré, sans relief. Pas de jungle, pas de temples, pas de pièges, pas de cités luxuriantes, deux scènes de taverne qui durent 10 secondes à l'écran et plein d'arrière-plans en synthèse pour tenter de donner une matérialité à un monde bien vide. Minable.
... quand il y a un joli bestiaire. Qu'est-ce que c'est que ça ??? Un Conan sans monstres ??? Ha oui, pardon, il y a des hommes de sable moisis et un vague kraken dont on ne voit que les tentacules. C'est indiciblement merdique.
Conan est à des kilomètres au-dessus de tout ça. Conan c'est l'aventurier-guerrier parfait. A la fois intelligent et animal, anti-héros mais animé par un code d'honneur indéfectible. Et ses aventures sont totales, gargantuesques, bercées par les rêves et les cauchemars des plus anciennes légendes. Rien n'en transparait ici. A peine une allusion au "Coeur de l'Eléphant", seul élément provenant réellement de l'univers d'Howard.
Reste une réalisation correcte, un excellent Jason Momoa, quelques scènes délicieusement sanguinaires et de jolis combats. Ca ne suffit pas pour faire un film mais on évite in-extrémis le navet absolu.
Vivement le prochain Conan... avec Arnold qui représentera le barbare quand il est roi !