C’est triste à dire, mais le marathon années quatre-vingt que j’entreprends laisse croire qu’il faut très vite abandonner l’espoir de trouver dans la production hollwoodienne un reste quelconque de l’esprit adulte qui dominait pourtant jusqu’à quelques années auparavant…

Entre les productions Kennedy-Marshall pour des gosses dont la vision d’ensemble donne une certaine idée de l’enfer, voici un exemple caractéristique de ce qui représente parfaitement une vision adolescente d’une histoire.

Héroïc fantasy primitive dans tous les sens du terme, Conan est un condensé de légendes simplistes et embrouillées où la littérature de gare de Howard passe à la moulinette simpliste d’Oliver stone avant que John Milius ne se charge du mélange final, accumulation maladroite de mythologie nordique, de sectes orientales, de steppes mythiques et de tout ce que sa culture limitée et ses recherches succinctes lui permettaient d’entrevoir de pas trop compliqué à proposer à un public qui lui ressemble…

Le résultat est du point de vue du scénario assez désastreux, et on aurait bien aimé que le soin apporté au reste de la production se soit étendu jusqu’à ce qui est quand même la base de tout film qui se respecte…

Ca commence comme quelque chose d’intéressant sur l’acier qui n’aura finalement aucune suite, le jeune adolescent se transforme au gré du pressoir en un colosse difforme qui apprendra à tuer (et à lire aussi, mais les deux secondes sur la philosophie et la poésie avec Conan et le parchemin sont tellement drôles qu’il serait malséant de les relever) et trouvera un beau jour et sans explication sa liberté. Il y a forcément une histoire de vengeance qui parasite toute chance d’avoir le droit à une chouette aventure et une petite équipe d’aventuriers se forme avec le voleur à l’arc et la walkyrie dénudée.

Même si Milius a évacué le plus gros en la matière, il reste plein de moments débiles à base de magie qui gâchent un peu l’aspect purement barbare de la chose et c’est un peu dommage, même si, franchement, le serpent-flèche est très classe…

Joli succès tout de même des studios d’effets spéciaux, avec notamment une franche réussite pour les esprits qui viennent récupérer l’âme du gros bibendum mourant.

Le surhomme monolithique n’apporte pas forcément une grande subtilité au récit, mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est efficace, et Schwarzi s’impose pour la première dans un de ces rôles indestructibles qu’un accent terrifiant réduit au mutisme le plus souvent et au charcutage en règle pour compenser. Autour de lui, outre deux autres semi-amateurs comme bande de voleurs GrosBills nous retrouvons comme d’habitude Max Von Sidow en roi désespéré et le magnétique James Earl Jones en grand méchant qui veut vous apprendre à avoir peur du noir… Il est aidé dans ses œuvres par des milliers de figurants dans des décors sortis de chez Jodorowski et par une paire de culturistes aussi informes que notre héros chevelu…

Esthétiquement, nous sommes dans quelque chose de déjà connu, la faute aux nombreux illustrateurs ayant travaillé sur des thèmes proches et que Milius récupère habilement comme le fera plus tard Jackson pour son Seigneur des anneaux, le succès de film popularisera encore cet imaginaire adolescent de musculatures imberbes monstrueuses, de marteaux de guerre démesurés, de moule-bite en peau de bête et de blondasses en cuir vite enlevé…

Mais pourtant, derrière l’aspect parfois franchement nanardeux de l’histoire il reste un plaisir d’autant plus rare qu’à l’époque on avait presque rien du genre à se mettre sous la dent. Il reste les petits oiseaux rôtis au coin du feu pendant les bivouacs, les villes foisonnantes, les tours mystérieuses, les quêtes improbables, les paysages aventureux, Conan qui assomme un chameau d’un coup de poing et les charges fougueuses sur la formidable musique de Basil Poledouris.

Et puis, faut reconnaître qu’on a pas souvent mieux fait dans le genre ni avant ni depuis, ça incite à la générosité, par Crom !

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le 20 janv. 2014

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Torpenn

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