Cent fois imité mais jamais égalé, Conan le barbare l’épopée fantastique de John Milius qui fête cette année ses quarante ans est unique. Le résultat de la confluence heureuse d’une vedette musclée, d’un réalisateur maverick et d’une source littéraire glorieusement pulp pour aboutir au prototype du sous-genre que les anglo-saxons appelle sword and sorcery qui prit d’assaut le cinéma des années 80. Le personnage est né dans les années 1930 dans les pages du magazine Weird Tales sous la plume de Robert E. Howard considéré comme le père de l’heroic-fantasy avec ses héros virils et solitaires, qui survivent dans un monde protohistorique fictif, chaotique et violent, en affrontant des créatures monstrueuses, des hordes barbares et des sorciers maléfiques. Howard, personnage tourmenté qui mettra fin à ses jours à 30 ans a terminé ou commencé plus de deux douzaines d’histoires de Conan, dont dix-huit ont été publiées. De tous les héros mythiques sur lesquels il a écrit, y compris King Kull et Solomon Kane, Conan demeure le plus populaire. À la fin des années 60, L. Sprague De Camp et Lin Carter, deux auteurs établis qui admiraient le travail de Howard, se lancent dans un projet visant à organiser et à nettoyer le canon de Conan, écrivant de nouvelles histoires pour combler les lacunes chronologiques. Si beaucoup de puristes leur reprochent d’avoir altéré l’œuvre d’Howard c’est bien à leur série de douze volumes publiée à la fin des années 60 et leurs couvertures illustrées par Frank Frazetta que le personnage doit son succès populaire.


Edward Pressman ( Phantom of the Paradise, Wall Street, The Crow) jeune producteur à l’époque obtient après des années de négociations les droits d’adaptation cinématographiques de Conan. C’est son associé et ami Edward Summer — futur producteur associé du film – qui lui suggère une adaptation des histoires de Robert Howard alors que Pressman intrigué après la vision d’un premier montage du documentaire Pumping Iron par la présence à l’écran d’un certain Arnold Schwarzenegger, lui ait fait part de la possibilité de construire un film autour du physique hors norme du bodybuilder. Il a du flair car le projet va bénéficier de l’appétit soudain d’Hollywood pour les récits d’aventures héroïques dans des univers fantastiques après l’explosion Star Wars et de la popularité croissante de Conan auprès des jeunes garçons américains grâce aux dessins de Frazetta et au succès des adaptations par Marvel Comics sous la plume de Barry Windsor Smith puis John Buscema. Parce que Paramount désire un scénariste connu pour financer un film éventuel, Pressman engage le jeune Oliver Stone auréolé du succès de son travail sur Midnight Express. Le script de Stone s’inspire des histoires d’Howard mais place l’histoire dans un futur post-apocalyptique plutôt que dans un passé lointain jugé infilmable car trop cher avec des séquences de batailles massives entre Conan à la tête d’une armée contre une horde de 10 000 mutants (!). Le projet est proposé au réalisateur de Midnight Express Alan Parker puis à Ridley Scott qui déclinent. Stone est même un temps envisagé comme coréalisateur avec Joe Alves (réal de seconde équipe sur Jaws) mais l’idée est vite abandonnée.


Entre alors en piste John Milius déjà célèbre pour être une des figures les plus iconoclastes du Nouvel Hollywood. Surfeur passionné accro à l’adrénaline, il est obsédé par les armes à feu et la culture japonaise. Tout à la fois défenseur des valeurs traditionnelles de l’Amérique mais aussi du romantisme révolutionnaire, il est considéré par beaucoup comme un fasciste mais se définit comme un « anarchiste zen ». Il étudie le cinéma à la prestigieuse University of Southern California School of Cinema-Television sur les bancs de laquelle il côtoie un certain George Lucas puis débute une carrière de scénariste à succès. Il signe les scripts des deux premières aventures de de l’Inspecteur Harry –Dirty Harry et Magnum Force – et celui de Jeremiah Johnson. Fasciné par la guerre du Vietnam, il coécrit en 1979 avec Francis Ford Coppola que lui présente Lucas (qui doit à l’origine réaliser le film ) celui d’Apocalypse Now pour lequel il est nommé à l’Oscar. Admirateur des figures de conquérants comme Gengis Khan et du film Les Vikings de Richard Fleisher (qui réalisera la suite de Conan) il est déjà intéressé pour la réalisation d’un film sur Conan dés 1978. Quand son ami Ron Cobb concepteur artistique sur Alien qui a aussi travaillé sur Star Wars et Les aventuriers de l’arche perdue lui montre les peintures que lui avait commandé Pressman pour vendre le projet aux studios il prend contact avec ce dernier pour lui proposer de réaliser le film à la condition qu’il puisse réécrire le script. Ce dernier accepte et Milius devant la nécessité d’un budget conséquent propose de s’associer au grand producteur italien Dino De Laurentiis à qui il doit un film par contrat. De Laurentiis aime le scénario qu’il juge néanmoins trop violent et, après une longue période de négociations prend le contrôle du financement et de la production. Pressman conservant un titre de coproducteur et des droits d’approbation sur les modifications apportées au scénario, à la distribution et à l’équipe. Milius est officiellement nommé réalisateur et Ron Cobb concepteur de production. La préproduction du film commence en Yougoslavie, mais en raison de l’instabilité politique dans la région, la production du film est relocalisé en Espagne. Milius remplace rapidement son directeur de la photographie Gilbert Taylor (qui avait déjà eu des relations houleuses avec George Lucas sur Star Wars) par le caméraman de télévision Duke Callaghan, qui avait photographié Jeremiah Johnson.


Le scénario de Milius emprunte généreusement au canon officiel de Conan pour établir une chronologie qui débute par le pillage de son village et le meurtre de ses parents et s’achevant par sa vengeance contre son premier grand ennemi. Cette quête de vengeance donne à l’histoire un fil conducteur absent des écrits originaux d’Howard où le personnage endosse de nombreux rôles (esclave, combattant, voleur, mercenaire) selon les environnements, le style de Howard combinant un ton sombre et réaliste issu de la littérature « hard-boiled » de l’époque avec des éléments fantastiques. On retrouve ici des éléments de plusieurs histoires de Howard comme La tour de l’Eléphant, La Reine de la Côte Noire et Une sorcière naîtra mais aussi certains venant de récit de L. Sprague De Camp comme La chose dans la crypte. Milius choisit comme adversaire inaugural du héros, – dans ce qui devait être une nouvelle à la franchise James Bond avec un Schwarzenegger revenant tous les deux ans pour un nouveau volet- d’utiliser le nom d’une création littéraire qui précède Conan, un nécromancien atlante adversaire de Kull l’autre héros d’héroïc-fantasy de Robert E. Howard nommé Thulsa Doom. Mais le personnage du film présente de nombreuses similitudes avec un authentique ennemi du cimmérien : Thoth-Amon, un sorcier stygien et prêtre de Set, apparu dans Le Phénix sur l’Epée la toute première histoire de Conan (paradoxalement le fruit d’une réécriture d’une aventure de Kull refusée par l’éditeur). Les deux personnages ne se sont jamais affrontés sous la plume d’Howard, mais les récits apocryphes et les comics ont fait de Thoth-Amon l’ennemi juré du cimmérien. La philosophie personnelle de Milius imprègne le film qui exalte la force physique et un mental forgé par l’épreuve qui seuls permettent de s’émanciper de sa condition pour atteindre la liberté. Avec en exergue une citation remaniée de Nietzsche (« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ») Conan le Barbare illustre la notion du surhomme selon le philosophe allemand : un individu indépendant qui ne serait soumis à aucune contrainte morale, un type d’individu, auquel pense sans doute appartenir Milius, qui sont élevés et non détruits par l’adversité. Il semble adhérer également à, la vision de Robert E. Howard qui voit dans la barbarie l’état naturel de l’humanité qui finit toujours par triompher de la civilisation forcément temporaire, le film est d’ailleurs parsemé des ruines symbolisant la décadence de précédentes civilisations.


John Milius utilise le monde fictif d’Howard pour faire de Conan le barbare le vecteur de sa passion pour l’Histoire. Pour bâtir la représentation du culte du Serpent il s’inspire des Hashshashin, la secte islamique ismaélienne du 12e siècle (dont est dérivé le mot assassin) et des Thuggee une confrérie d’assassins professionnels fidèles de Kâlî, active en Inde du XIII e au XIX ème siècle (qu’on retrouve dans Indiana Jones et le Temple Maudit). On retrouve également des traces de sa fascination pour Gengis Khan, la scène où Conan est chassé par des chiens rappelle la peur documentée du conquérant mongol pour cet animal, l’obsession de Thulsa Doom pour le secret de l’acier coïncide avec le nom de naissance de Gengis Khan, Temujin, souvent traduit par « l’acier le plus fin ». Enfin Milius puise son inspiration dans sa passion pour la culture japonaise qui irrigue le film, la bataille finale contre les hommes de Thulsa Doom a été inspirée par Les 7 Samouraïs de Akira Kurosawa et la séquence de « résurrection » de Conan après sa crucifixion avec ses symboles peints sur la peau et ses apparitions de fantômes en colère vient du film d’horreur japonais Kwaidan de 1964. Milius puise des images dans d’autres médias ainsi l’orgie du culte du serpent et son esclave à moitié nue enchaînée à un pilier, avec un léopard à ses pieds n’apparait dans aucune histoire de Conan mais est tirée d’une peinture de Frank Frazetta. Milius et Ron Cobb ont la volonté de concevoir un monde cohérent et relativement crédible. A cette fin, ils étudient et incorporent des designs issus des cultures celtiques, nordiques (les quatre têtes de dragon au sommet de la roue de la douleur où Conan est réduit en esclavage sont des répliques exactes des têtes de dragon du navire Gokstad, un navire viking du IXe siècle), égyptiennes, aztèques (les motifs de serpent du temple de Thulsa Doom sont inspirées des représentations du le dieu serpent Quetzalcóatl ) et mongoles afin d’imaginer les forces culturelles qui auraient façonné cette période fictive. C’est une des réussites majeures du film que de bâtir un monde entièrement nouveau et crédible. Les décors sont spectaculaires, les effets spéciaux discrets mais efficaces, les costumes et les accessoires ont un aspect authentique. Grace au travail du génial Ron Cobb (qui fait une apparition en dealer de Lotus Noir dans le film) L’Âge hyborien de Conan, est si somptueusement détaillée, qu’il nous semble aussi réel que le monde contemporain.


Conan le barbare restera dans l’histoire du cinéma comme le film qui a lancé la carrière d’Arnold Schwarzenegger qui avait abandonné quelques années auparavant sa carrière de bodybuilder pour se lancer pleinement dans la comédie et l’imposera comme héros d’action définitif du cinéma américain. Si dans des phases de préparation d’autres acteurs furent envisagés par la production de Charles Bronson à Sylvester Stallone en passant par William Smith qui incarnera finalement le père du héros, malgré un talent d’acteur encore limité et un accent autrichien très prononcé pour porter en vedette une telle production, Arnold fut toujours le seul choix de Milius. Ce dernier percevant sans doute dans la volonté du comédien de saisir cette chance la possibilité de le modeler à sa guise pour en faire le vecteur de sa vision du barbare. Il fit endurer à Schwarzenegger une préparation surhumaine avec un entraînement aux armes (avec des épées de six kilos deux heures par jour pendant trois mois), aux arts martiaux, des cours d’équitation dispensés par des spécialistes. Il lui fit apprendre également les techniques d’escalade et de cascades , comment chuter, rouler et tomber de plusieurs mètres de haut, conscient que sa stature hors du commun rendrait difficile la tache de lui trouver une doublure crédible. Cela entrainera évidemment son lot de blessures mais jamais Milius ne s’arrêtera de tourner arguant du réalisme des scènes (« Une blessure est temporaire , un film c’est pour l’éternité !« ). Milius n’exigea jamais de Schwarzenegger qu’il ne dépasse les limites de son talent parvenant même à les exploiter. Conan n’a aucun dialogue dans les vingt-quatre premières minutes du film, ni dans les vingt-cinq dernières minutes, mais ces silences sont utilisés pour donner au personnage un aspect introspectif qu’Arnold n’aurait pu apporter par son seul jeu d’acteur. Pour autant le chêne autrichien délivrera ses dialogues avec compétence (il répète ses monologues quarante ou cinquante fois dans la caravane de Milius tous les jours avant le déjeuner jusqu’à ce qu’il puisse mémoriser leurs cadences et les accents appropriés). Les dialogues sont riches par rapport au contexte du récit et percutants et offrent à Schwarzenegger ses premiers « one-liners ». Le plus iconique , la réponse de Conan à la question d’un de ses maitres qui lui demande ce qu’il y a de mieux dans l’existence « Écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes » est une abréviation d’une citation authentique attribuée à Gengis Khan « Le plus grand plaisir est de vaincre vos ennemis et de les chasser devant vous, de les priver de leurs richesses et de voir ceux qui leur sont chers baignés de larmes, de monter sur leurs chevaux et serrer sur ton sein leurs femmes et leurs filles. » Dans le rôle de Conan, Schwarzenegger est immédiatement iconique, son apparition va changer irrémédiablement la vision de ce que a quoi ressemble une star à jamais. Après une décennie marquée par des physiques à la Dustin Hoffman, quasiment plus aucune vedette masculine d’importance jusqu’à ce jour n’aura une phase de sa carrière avec un physique musclé. Il suffit de comparer par exemple le physique de Sylvester Stallone entre Rocky 2 (1979) et Rocky III (1982).


Mais Arnold n’est pas le seul acteur débutant ici, le réalisateur choisit ainsi son ami de longue date, un champion de surf avec peu d’expérience d’acteur, Gerry Lopez, dans le rôle de Subotai le voleur, si bien qu’il fut doublé dans la version finale, par un acteur japonais Sab Shimono. Pour le premier rôle féminin Valeria, Milius veut absolument une danseuse et fini par choisir Sandahl Bergman sur la recommandation de Bob Fosse, qui l’avait dirigée dans All That Jazz. Contre toute attente malgré ou peut-être grâce à leur inexpérience de comédiens la romance entre Valeria et Conan fonctionne bien dans le film. Parce que les trois personnages principaux sont joués par un danseur, un surfeur et Arnold, il n’est pas surprenant de voir que leur jeu d’acteur n’est particulièrement élaboré mais Milius a conçu délibérément leurs rôles pour être simples et archétypaux. Il les entoure de vétérans à même de leur fournir quelques conseils. Sterling Hayden et John Huston sont envisagés pour le rôle du roi Osric, mais c’est finalement l’acteur suédois bergmanien Max Von Sydow (qui incarna Ming dans le Flash Gordon produit par De Laurentiis)qui l’interprète (car son fils était un fan de longue date de Conan). L’acteur japonais Mako Iwamatsu est choisi pour incarner le sorcier qui accompagne Conan dans ses aventures et se retrouve narrateur du film car les dirigeants d’Universal ont des problèmes avec l’accent d’Arnold Schwarzenegger. Sean Connery est longtemps en lice pour incarner Thulsa Doom, mais après le succès colossal de Star Wars où il prête sa voix à Darth Vader la production lui préfère James Earl Jones, trop content d’incarner un autre méchant emblématique à visage découvert cette fois. Earl-Jones bâtit un vilain qu’on devine loin de son apogée mais encore redoutable. Lui et Milius tracent des parallèles entre Thulsa Doom, chef de guerre et gourou du culte de Set, avec des personnalités réelles comme Jim Jones de la secte de Guyana ou Charles Manson. La force du personnage semble résider autant dans sa démagogie et sa présence hypnotique que dans ses pouvoirs magiques. Son apparence (acteur de théâtre confirmé James Earl Jones donnera des cours de jeu à Schwarzenegger en échange de conseils d’entraînement physique), ces cheveux raides jusqu’aux épaules, un regard froid et sans vie et bien sur sa voix profonde en font un méchant d’anthologie.


Conan le barbare bénéficie d’un atout plus grand que tous les effets-spéciaux inventés depuis pour transporter son public dans un âge fantastique : sa bande-originale qui demeure encore aujourd’hui l’une des plus grandes compositions écrites pour le cinéma. Elle ne failli pourtant jamais voir le jour car Dino De Laurentiis voulait une bande originale de musique pop, comme pour celle de Flash Gordon (signée du groupe Queen) mais Milius plaide pour une approche plus traditionnelle et engage Basil Poledouris un ancien camarade de l’University of Southern California School of Cinema-Television qui avait déjà travaillé avec lui sur son film de surf Big Wednesday. Il lui demande de commencer à travailler sur les storyboards et d’anticiper l’enregistrement de la musique une fois le tournage achevé. Après la fin du tournage, il lui adresse une cassette vidéo avec des scènes montées sur des musiques de Richard Wagner, Igor Stravinsky et Sergei Prokofiev pour illustrer les connotations émotionnelles de chaque scène. D’abord intimidé Poledouris va composer plus de deux heures de musique à la fois chorale et instrumentale, puissante et parfaitement adaptée au matériau. Le thème principal The Anvil of Crom et son déchainement de vingt-quatre cors français avec la propulsion rythmiques incessante de tambours battants conserve son statut de modèle de base pour les partitions de fantasy épique, fréquemment imité mais rarement égalé. Poledouris continuera à produire de nombreuses partitions mémorables, en particulier au cours de sa collaboration prolongée avec Paul Verhoeven sur des films comme RoboCop et Starship Troopers avant de mourir en 2006 à l’âge de 61 ans.


Si certains de ses aspects peuvent avoir vieilli, les décennies qui ont suivi sa sortie ont imposé Conan le Barbare comme un classique du genre. Ainsi l’action n’est pas particulièrement spectaculaire selon les normes modernes, pas de cascades audacieuses ou d’effets visuels complexes, mais la brutalité basique des combats correspond très bien au ton du film. Conan le Barbare traite ses personnages et son sujet avec sérieux sans jamais perdre de vue qu’il s’agit d’un divertissement populaire. Le public contemporain apprécie mieux aujourd’hui son sens de l’humour, ses dialogues éminemment « citables » (tous les monologues de Thulsa Doom en particulier) et son énergie pulp. Là où la plupart des films du genre (y compris sa suite Conan Le Destructeur) troquent leur aura épique pour un esprit de bande-dessinée, gommant sexe et violence pour viser un jeune public, Conan le Barbare est un film de fantasy pour adultes – les combats sont sanglants et les femmes dénudées. C’est une œuvre brutale, primale et décadente mais parfois presque contemplative qu’on pourrait qualifier de Sergio Leonesque avec de longues séquences sans dialogue portées par la beauté des images et la partition majestueuse de Basil Poledouris. Par certains aspects le film ressemble plus à un des grands péplums des années 50 et 60 qu’à un film de fantasy moderne. Les immenses décors et l’utilisation de milliers de figurants dans de vastes scènes de foule confèrent à son univers une qualité réelle et tactile tandis que la narration de Mako lui donne la gravité d’un mythe ancien, souvenir d’une époque révolue. Nous rêverons longtemps encore de ce King Conan que nous ne promettait les dernières images du film. Jusqu’à ce que Peter Jackson arrive et réécrive les règles en 2001, Conan le barbare était la norme par laquelle les films d’heroic fantasy étaient jugés et reste l’une des plus grandes œuvres du genre. Conan le barbare représente une branche de l’évolution du blockbuster sans descendance, si il avait été défini par des auteurs plus tourmentés, radicaux et « intellectuels » comme Milius plutôt que des « populistes » comme Lucas ou Spielberg. Un authentique original.

PatriceSteibel
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le 17 août 2022

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