Star Tour - Episode IX
Ça y est. C’est fini. Le verdict est définitivement tombé désormais. Le côté obscur de la force l’a emporté. L’Empire Disney a triomphé. Certes c’était attendu. C’était écrit. Le retour de J. J...
le 18 déc. 2019
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Depuis la dernière fois où J.J Abrams a pris les commandes d’un Star Wars il y a un grand trouble dans la Force. Gareth Edwards mis sous tutelle sur la fin du tournage de Rogue One, après une genèse compliquée qui vit ses réalisateurs initiaux Lord et Mille**Texte en gras**r virés en plein tournage le spin-off Solo qui connut un revers inattendu au box-office et, en dépit de son succès commercial, une frange du fandom a rejeté de façon violente certains choix iconoclastes de Rian Johnson sur Les Dernier Jedi (la mort brutale du grand méchant Snoke, un comportement de Luke Skywalker moins héroïque qu’attendu et une remise en question de nombreux principes de la franchise avec une démocratisation de la Force et une désacralisation de ses héros). Kathleen Kennedy qui pilote Lucasfilm depuis sa reprise par Disney est sur la défensive et après avoir débarqué Colin Trevorrow (Jurassic World) en pleine préparation de l’épisode IX, elle a rappellé en catastrophe le réalisateur de Super 8 qui se retrouve avec une double pression sur les épaules : apporter une conclusion satisfaisante à ce qui se veut le dernier volet de la saga cinématographique la plus célèbre de tous les temps entamée par George Lucas en 1977, rassurer les fans et restaurer la confiance dans cette franchise jadis jugée invincible et dont l’avenir semble incertain après le départ de David Benioff et D.B. Weiss (Game of Thrones) qui devaient concevoir la prochaine trilogie. Pour l’assister dans l’écriture de la conclusion des aventures des personnages qu’il a créé en 2015 aux cotés de Larry Kasdan, il fait appel à Chris Terrio scénariste de Argo mais aussi du très polémique Batman v Superman. La mission délicate, – difficile de satisfaire tant d’attentes contradictoires -, est elle accomplie ? Globalement oui même si tout est loin d’être parfait…
Comme on pouvait s’y attendre J.J Abrams, si il respecte le travail de Rian Johnson semble vouloir prendre ses distances avec Les Dernier Jedi et retrouver pour ce troisième film l’esprit plus classique de son Reveil de la Force. Certes il poursuit la connexion mystérieuse et ambiguë qui unit Kylo Ren (Adam Driver) à Rey (Daisy Ridley), évoque la thématique de la démocratisation de la Force au détour d’un dialogue de Finn mais quand il ne revient pas d’un trait d’humour sur un des moments marquants du film de Johnson, il fait évoluer certains personnages dans une direction opposée à celle amorcée par ce dernier et restaure des éléments qu’il avait abandonné à l’image du casque de Kylo Ren que ce dernier reconstitue dés les premières minutes après l’avoir détruit dans le film précédent. Symbole de cette prise de distance, on apprend dés le traditionnel « crawl » d’ouverture qu’il s’est passé beaucoup de choses dans la galaxie depuis la conclusion du précédent volet où nous avions laissé les derniers membres d’une Résistance décimée échappant in extremis à bord du Millenium Falcon aux griffes du Premier Ordre désormais dirigé par Kylo Ren après le sacrifice de Luke Skywalker. Au premier rang desquelles rien de moins que le retour de l’Empereur Palpatine (Ian McDiarmid) présumé mort depuis le Retour du Jedi dont la présence avait été dévoilé dés le premier teaser du film. Alors que la lutte se poursuit entre la Résistance toujours menée par Leia, (des scènes coupées du Reveil de la Force retravaillées numériquement permettent à la défunte Carrie Fisher de tenir le rôle) qui poursuit par ailleurs l’entrainement Jedi de Rey, Kylo Ren part en quête de Palpatine qui pourrait menacer son pouvoir. En introduisant hors champ le retour du grand méchant de la saga, Abrams et Terrio prennent un raccourci afin de pouvoir démarrer l’histoire comme si L’Ascension de Skywalker faisait suite à un « épisode fantôme » et non pas directement à l’épisode VIII. On peut regretter qu’avec ce rétropédalage Abrams semble céder à une frange toxique du fandom Star Wars mais il y a une opposition inévitable entre la vision d’un Johnson qui dans une saga tant marquée par l’héritage et la destinée introduit l’idée qu’il faut faire table rase du passé et dépasser certaines histoires pour en bâtir de nouvelles et celle d’un Abrams attaché à cette tradition et qui tente de bâtir des ponts entre les différentes générations de la saga (et qui ne pensait pas y revenir).
Là ou Les Dernier Jedi décrivait une lente poursuite immobile, la première partie de l’Ascension de Skywalker prend la forme d’un film d’aventures haletant qui renoue avec l’esprit des serials qui ont inspirés la franchise. J.J semble même appliquer les recettes de l’autre création de George Lucas avec cette quête trépidante d’un artefact sacré à travers une série de planètes (enneigée, désertique ou minérale comme la terrifiante Exegol), le Nouvel ordre remplaçant les nazis des aventures du Dr Jones. L’action est quasiment ininterrompue, Abrams enchaîne les morceaux de bravoure euphorisants comme une poursuite par ricochets dans l’hyperespace, le récit très dense multiplie les rebondissements et les nouveaux personnages, comme si le réalisateur cherchait à rattraper deux films en un. Le ton est plus léger que dans le volet précédent où planait un désespoir prégnant, et malgré les enjeux considérables et les dangers que traversent les protagonistes, l’humour est très présent. Pour la première fois le trio Finn-Rey-Poe est réuni et forme avec Chewbacca (Joonas Suotamo) et BB-8 une équipe attachante dont la dynamique rappelle celle de Han, Luke et Leia dans Un nouvel espoir. C’est un véritable plaisir de voir C3PO retrouver une place qu’il n’avait pas eu depuis la trilogie originale offrant une belle sortie à Anthony Daniels. Abrams multiplie au long de l’aventure les références et les clins d’œil à l’ensemble de la saga et répare même une de ses plus grandes injustices. Les nouveaux personnages brièvement introduits sont réussis, en particulier la mystérieuse Zorii Bliss (Keri Russell) une ancienne connaissance de Poe. L’image et le style de mise en scène sont beaucoup plus bruts ici que dans les précédents volets. Comme dans Le Reveil de la Force Abrams fait la part belle dés qu’il le peut aux décors naturels ou « en dur » et aux effets physiques y compris pour les créatures, ce qui contribue à donner une texture organique au film. La direction artistique est moins opulente, les décors plus massifs et écrasants comme les spectaculaires éléments de l’architecture Sith. Abrams poursuit son travail sur l’échelle des objets dans le film, en plaçant la plupart des combats dans l’atmosphère, les vaisseaux familiers acquièrent une nouvelle ampleur. Il compose des séquences visuellement marquantes comme ce duel entre Ren et Rey sur l’épave de l’Étoile Noire au milieu d’un océan déchaîné ou ces images d’une flotte de croiseurs impériaux émergeant de la glace.
Les comédiens ont une belle la complémentarité, malgré quelques trop brèves scènes avec la nouvelle venue Jannah (Naomi Ackie) où il évoque leur passé commun d’enfants soldats John Boyega est plus en retrait (certains pourront trouver un aspect discutable à voir comme seul possible « love interest » pour Boyega qu’une autre actrice de couleur). Oscar Isaac, charismatique comme toujours, tire le meilleur de son temps à l’écran mais c’est bien Daisy Ridley qui est le cœur du film, très à l’aise dans son rôle de Jedi confirmée qui va devoir faire face à son plus grand dilemme. Adam Driver à l’occasion de poursuivre l’exploration de son personnage qui restera celui, parmi les nouveaux protagonistes, qui aura connu la plus grande évolution. Nous avons toujours pensé qu’il manquait à la postlogie un grand vilain, Kylo Ren est un personnage intéressant, mais trop humain pour tenir pleinement ce rôle et feu Snoke semblait presque être un pastiche de l’Empereur. L’idée de Terrio et d’Abrams de ramener Palpatine permet tout à la fois de combler ce manque et d’unifier les trois trilogies dans un mouvement commun. Ses premières apparitions dans le film sont iconiques, Abrams traite ces séquences sur un mode horrifique et Ian McDiarmid visiblement ravi de ce retour inespéré, cabotine dans la grande tradition de ses précédentes apparitions. Le film replonge totalement dans la mythologie des Siths et des Jedi, Terrio et Abrams faisant au passage de nombreux ajouts au canon pour expliquer le lien entre Ben Solo et Rey et la symétrie de leur parcours mais ne parviennent pas à éviter les redites avec ce triangle Palpatine – Rey – Ren qui rappelle furieusement celui constitué par Luke, Vador et l’Empereur dans le Retour du Jedi. Le film perd d’ailleurs de son élan dans ce dernier acte, plus maladroit, qui reprend trop fidèlement la structure de celui du film de Richard Marquand. La bataille spatiale finale est décevante comme apothéose de la franchise faute d’une scénarisation assez précise et fait pale figure dans l’ère Disney à coté de celle de Rogue One par exemple, sans doute victime d’un calendrier de production précipité. Si le dernier plan, émouvant pour les fans de la première heure, qui conclu ce cycle de neuf films est parfait, on pourra regretter que le duo Abrams-Terrio ait manqué d’audace dans certains choix trop prévisibles ou consensuels. En tentant tout à la fois de satisfaire les fans, conclure les intrigues qu’il avait initié et celles que Johnson avait abandonnées (l’introduction bâclée des Chevaliers de Ren ) J.J Abrams dessert la cohésion thématique de l’ensemble. L’Ascension de Skywalker est un blockbuster divertissant, une conclusion satisfaisante à la saga des Skywalker mais un film moins organique et abouti que Le Réveil de la Force.
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le 18 déc. 2019
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