Conan le barbare, le héros que Nietzsche aurait pu créer.

Il fallait que je trouve le temps de découvrir Conan le barbare ; on est en 2014, après tout. Et je suis ravi de le découvrir aujourd’hui, il est certain que je serais passé à côté de la subtilité du propos de Conan si je l’avais vu plus jeune.
Subtil, Conan ? Et bien, oui. Disons que le propos du film est subtil, quand le film en l’est pas. Ce propos de Conan le barbare ? Simple, efficace, l’homme est libre ou est un esclave. Le film s’ouvre sur une citation de Nietzsche (“That which does not kill us makes us stronger.”) mais pourrait en utiliser bien d’autres, sur la liberté, l’athéisme, le courage ou la folie.
Conan débute esclave, et on s’aperçoit vite qu’il ne ploiera sous aucune force ; une fois gladiateur, il devient libre, malgré ses chaînes et sa cage. On le laisse s’instruire, on l’invite à donner son avis sur la vie… Mais en devenant libre, il devient un monstre ; et en devenant un monstre, il devient un homme, voire un Übermensch.

Ce film est aussi un produit de son époque, pour le meilleur et… pour le meilleur.
Aujourd’hui, on nous gaverait avec des scènes d’actions interminables, chorégraphiées, esthétiques qui viendraient inévitablement gâcher le propos du film ; l’action en elle-même n’a aucune importance, elle n’est pas valorisée puisque c’est Conan qui est au centre. Le premier combat du Conan est simple, direct, lisible ; pas de place pour autre chose que tuer et ne pas l’être. Je frémis d’horreur en imaginant ce que les Wachowski ou Peter Jackson auraient fait des successions de combats de gladiateurs.
Pour le meilleur et le meilleur ? Oui, parce que le film évite les écueils fréquents des action movies des années 1980.
La femme se déguise pour se mêler à la cérémonie ? Oh, à coup sûr, l’homme saura la sauver à temps ! Non.
Le héros rencontre un personnage de type non caucasien ? Sûrement le sidekick qui apportera la touche humoristique ! Non.

Sans oublier de mentionner la caméra efficace (paysages déserts, villes peuplés, foule de pèlerins, tout est crédible), la musique qui accompagne bien l'action et qui accompagne bien l'absence de dialogue, ces dialogues rares et percutants.

Et si à la fin de cette critique, vous parvenez à la conclusion qu’il faut que vous lisiez Nietzsche, je n'aurais pas complètement perdu mon temps.
Si au contraire vous parvenez à la conclusion qu'il faudrait que je relise Nietzsche, vous n’aurez pas tout à fait tort - il faut surtout que je le lise, plutôt que de me contenter de souvenirs épars.

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le 12 août 2014

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Pierre Marot

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