Oui un opéra, c'est exactement de cette façon que John Milius présentait son film.
Entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide et l'avènement des fils d'Arius, il y eut une période de l'histoire fort peu connue dans laquelle vécut Conan, destiné à poser la couronne d'Aquilonia, ornée de pierres précieuses, sur un front troublé. C'est moi, son chroniqueur, qui seul peut raconter son épopée. Laissez-moi vous narrer ces jours de grandes aventures.
Une musique magnifique et omniprésente de Basil Pouledouris qui frise le Wagner et le Carl Orff (voir ma critique), une esthétique très rare pour l'époque (revisionnez un film moyen des années 80 et vous allez comprendre), peu de dialogues (ce qui avait été reproché à Schwarzy à l’époque pour son premier grand rôle), un souffle épique peu commun, Milius à la réalisation et Lover Stone au scénario on porté à l'écran pour la première fois dans l'histoire du cinéma un univers fantastique avec brio.
Crois tu qu'on vive éternellement ?
Et quel univers ! Le monde hyperboréen du génial Robert Howard écrit dans les années 30, du Tolkien tendance pulp mais avec un univers aussi riche mais aussi plus sombre et violent, sanglant avec une pointe d’érotisme, bref peut être plus adulte. Le film ne parcourt qu'une infime partie de ce monde, mais même si on ne voit pas les forêts des sauvages pictes, les nécropoles de la lointaine et mystérieuse Stygia ou les plaines glacées de Cimmérie, le film retranscrit parfaitement l’univers tel qu'on se l'imagine dans les bouquins d'Howard, des cultures étranges et mystérieuses mélangées, on est sur une route de la soie médiévale fantastique où les barbares du nord côtoient les voleurs hyrkaniens dans des villes plusieurs fois millénaires et pleines de dangers, où des cultes de Seth le dieu serpent sacrifient de jeunes vierges alors que l'autre côté de la rue on trouve des tavernes remplies de soudards et de mercenaires prêts à partir à l'aventure pour quelques butins. Un univers tellement épique qu'il a inspiré Martins pour son Trône de fer...
Hep ! Du lotus noir, stygien, le meilleur !
J'ai eu beau voir le film une quarantaine de fois depuis la fin des années 80, je ne m'en lasse pas. J'avoue connaitre par cœur les rares dialogues, les prises de vues et les enchainements de Conan alors qu'il combat dans l’arène où contre les sbires de l'infâme Thulsa Doom, les séquences qui s'enchainent comme... un opéra.
Les acteurs sont quasiment tous des débutants (ex sportifs ou bodybuilders) mise à part les immenses James Earl Jones et Max Von Sydow mais cela se ressent peu dans le film qui se permet même de l'humour et de l'autodérision (la tête de Thorgrim quand il pulvérise une colonne avec son marteau).
Donc j’enjoins tous les fan d'héroic fantasy qui n'ont pas encore vu le film de le faire au plus vite et de parcourir la steppe avec Conan et Subotaï, une épée bâtarde accrochée dans le dos. Pourquoi faire me direz vous ? Et bien... :
Le Khan: Qu'il y a-t-il de mieux dans la vie ?
Guerrier : L'immense steppe, un rapide coursier, des faucons à ton poing et le vent dans tes cheveux.
Le Khan : Faux ! Conan, qu'il y a-t-il de mieux dans la vie ?
Conan : Écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes.
Le Khan: C'est bien.