Où est passé mon Subotaï !!!
La personne tombant par erreur sur ce film et n'ayant aucune affinité particulière pour le genre risque d'être soit définitivement assurée de la débilité du genre au regard d'une passionnante réflexion d'un film français servit par Jaoui et autres Tautou, ou alors travaillera ses abdos lors des crises de rire risquant d'émailler le visionnage de l'oeuvre.
Pour l'amateur, la chose risque d'être plus complexe. Commençons par ce qui fait mal ; le titre tout d'abord. Conan le Destructeur, c'est juste le pire titre possible. Autant rajouter derrière BOUARG VAIS TOUT PETER ! Barbare, destructeur, ok, sauf que ce n'est rien comprendre au mot barbare employé par Howard. Un Conan suivit de la Corne de Dagoth eût apporté quelque chose de plus fin et mythologique, un poil de mystère. Ensuite que dire de ce casting au rabais, de ces persos à la limite du grotesque ; une amazone hystérique, un voleur sans intérêt là où Subotaï apportait quelque chose, un mini boss, Bombaata, vide et une princesse, jolie certes, mais dont les capacités de cri en ferait une excellente candidate pour quelque émission de radio crochet. Enfin, viennent l'essence du cinoche fantastique, du moins ce qui contribue à nous faire rêver, les effets spéciaux. Punaise, la claque. Entre le sorcier catcheur du palais des glaces et le Dagoth final, au secours !!! C'est mauvais à souhait, sans charme ni âme. Il suffit de regarder le Choc des Titans de 1981 ou Jason et les Argonautes pour se rendre compte des moyens médiocres mis au service de pathétiques techniciens. Au moins la photo est de meilleures qualité, offrant certains paysages de toute beauté.
En réalité cette suite pâtit de la qualité du premier opus et de la logique qui l'a vue naître : on va tirer sur la corde histoire de faire plus de fric et de profiter de la licence ; qu'on se le dise, le réalisateur s'en cogne totalement du mythe howardien. La continuité, assurée par la quête d'une Valéria disparue, est mal employée. Ce qui aurait pu être touchant, devient un prétexte bidon. Valeria disparue, on trouve le moyen d'impliquer une nouvelle guerrière : et pan dans la gueule, Grace Jones. le choc est rude.
Alors comment arriver à ce 5 offrant, mine de rien si mes connaissances mathématiques sont correctes (ce qui n'est pas assuré) la moyenne à un film que je viens de tailler dans les grandes largeurs. Primo le background : Dagoth, un divinité maudite, la cité fichée dans la montagne, des sorciers, un trésor, une princesse à sauver d'un sacrifice, une méchante assez réussie même si loin derrière le magistral Thulsa Doom, les clés pulps de l'oeuvre d'Howard sont là. Après une amorce mauvaise puis vite catastrophique, le temple de Dagoth offre un nouveau souffle, bien plus réussi à l'ensemble. Le duel de magicien est sympa à suivre, même si Mako offre une série de grognements assez ridicules. Mais bon, il y a un peu des nouvelles horrifiques d'Howard dans l'atmosphère de ce lieu. La fin, avec un monstre mieux géré tant au niveau des effets spéciaux que du design, eût été de bonne composition. En dehors des monstres les combats sont satisfaisants. Et puis reste la musique de Poledouris, toujours aussi magistrale.
Au final un film à suivre sans se poser aucune question, à prendre au second degré car lui, au moins, ne se prend pas au sérieux. On se marre (oui moi je ris, et j'assume mon goût pour ces moments débiles) devant la pathétique scène de beuverie, on sourit aux blagues douteuses et autres perches sexuelles tendues ici et là.
Un pur moment pulp. C'est déjà ça.