Conclave se vautre dans la mise en spectacle de différents vices, de l’orgueil à l’envie, alors même que son propos entend les dénoncer. La grandiloquence de ses images se heurte à la modestie des valeurs chrétiennes recherchées, tout comme la musique construit une tension lors d’événements perçus non comme des temps où politique et religion cohabitent mais comme autant de « breaking news » censées mettre en péril l’intégrité de l’Église. La trajectoire du long métrage est celle d’une reconquête du pouvoir ecclésiastique par les femmes : d’abord cantonnées à un rôle subalterne, elles impose peu à peu leur souveraineté par l’exercice de leurs yeux et de leurs oreilles, lucides quant aux manœuvres individualistes de la gent masculine. Pourtant, la clausule, soucieuse de composer une allégorie puissante et transgressive, cède une fois encore à la complaisance : la révélation devient retournement de situation, twist à l’américaine qui invalide par là-même beauté et simplicité au profit d’une ultime démonstration de virtuosité (narrative, plastique) des plus grossières.
Après Das Lehrerzimmer (İlker Çatak, 2023), Conclave confirme le goût du cinéma allemand – nationalité du réalisateur Edward Berger – pour le huis clos à tendance spectaculaire, légitimant tous les excès et écrasant l’humain sous le poids de la technique et du rutilant. Dommage car l’interprétation des comédiens s’avère excellente, mention spéciale à Ralph Fiennes.