Conclave est de ces longs métrages qui parviennent à nous faire oublier complètement que nous sommes 150 dans une salle de cinéma, même pendant une durée (conséquente) de 2h, malgré un septuagénaire qui se mouche toutes les 10 minutes et un couple qui va chercher du popcorn en dessous du popcorn, comme si c'était un tirage de Motus.
C'est en effet dans une ambiance et une atmosphère aussi intimiste qu'un confessionnal que le film d'Edward Berger nous emmène, à la recherche du nouveau souverain pontife, non sans rebondissements. Les stratégies politiques se jouant au Vatican n'ont rien à envier aux campagnes présidentielles américaines, comme le rappelle très bien le Cardinal Lawrence (interprété divinement par un Ralph Fiennes dont la partition est d'une puissante humilité), ce "berger" malgré lui.
Ce Conclave est une succession d'événements peu louables dépeints au cœur de la Chapelle Sixtine. L'élection du nouveau Pape va faire ressortir les aspérités et les ambitions d'une assemblée de cardinaux et pourrait bien virer encore plus rouge que cette fresque de soutanes (qui n'ont d'immaculé que leur conception).
Un Saint-Thriller aux tenants parfois trop manichéens entre progressisme et conservatisme dans l’Église, mais sublimé par une photographie rare, prouesse picturale comme un hommage à Michel Ange. Au Vatican, rien de nouveau donc, mais il vaut la peine de se déplacer dans les salles noires pour admirer les aveux de faiblesse des plus grands hommes de foi de l’Église catholique, des pêcheurs comme les autres, emplis de doutes, parfois de vices,... un point (cardinal) souligné en rouge dans ce Conclave.