Le film dans son message est un vrai bon film moraliste qui alerte sur le retour en force des mouvements fascistes à travers le monde. Quoi de mieux pour prouver son point que de mettre une femme à la tête de l’entreprise la plus masculine et sexiste au monde. Et quoi de mieux pour humilier l’homme que de le piéger insidieusement, trop bête et trop fier pour s'en rendre compte (classique homme ça). Pendant 2h, on voit la fragilité de ces hommes, la fragilité de leur foi et de leur morale. On voit avec quelle facilité on peut les influencer (pour le pire comme pour le meilleur) et à quel point il est facile de manipuler la pensée d’un homme avec de simples mots d’espoir. Ce qui, à mon avis n’est pas si représentatif de la réalité.
Maintenant le positif, la musique, presque celle d’un thriller ou d’un film horreur, avec ce tempo lancinant, les violons qui déchirent le silence. Et le silence, la force de ce film c’est d’entendre les silences et de les comprendre. Combien ont essayé de tout nous dire avec un silence. Réussi, c’est un tour de maître, par contre l’échec est fatal, on s’ennuie… Edward berger maîtrise ses silences, ils font sens, et ces petits sons presque imperceptibles qui veulent tout dire. On souffle péniblement avec Lawrence et on entend presque son coeur battre et la sueur couler sur son front. On sue du front nous aussi, on voit l'impasse avec lui et on souffre, ensemble, Lawrence et nous. C’est cette proximité qui fait la puissance du film. Saupoudrée du mystère du conclave et de l’impartialité des rites que nous ne comprenons pas, nous, pauvres pêcheurs. Le film a sa puissance, il nous captive, même si Edward Berger tirerai un avantage à ne plus essayer de copier les autres avec ses plans « photo » immobiles et lents, ou « il ne se passe rien mais en même temps tout ». Je trouve qu’il nous perd dans ces plans, il veut surement nous laisser le temps de la réflexion, qu’on puisse « interroger notre coeur » mais la tâche est difficile (ou justement trop facile) quand notre protagoniste est dans le camp des gentils et qu’il se bat sans relâche contre les méchants. Edward berger aurait peut être pu surprendre en nuançant. On a compris l’idée, le fascisme c’est pas bien et le sexisme non plus et c’est vraiment pas cool de laisser les femmes à l’écart à ce point. Edward Berger s’adresse à 2 populations: une qui est déjà convaincue que le monde doit changer, inévitablement et l’autre qui ne laissera jamais le changement opérer. Alors forcement, soit on adore, soit on déteste. Et heureusement, Ralph Fiennes nous rappelle que seules les certitudes sont les ennemis de la foi, les ennemis de la tolérance et qu'elles sont le danger qui plane au dessus de nos têtes. Peut être est ce la meilleure morale du film, celle que les convaincus sont non seulement cons mais sont aussi vaincus. C’est tout pour moi.
Le film en vaut la peine, aller le voir sur grand écran est un vrai plaisir, pas de regret.