Le cinéma Coréen a le vent en poupe. À mesure que Hollywood s'embourbe dans le remake ou la suite de trop, ou que le modèle Netflix du direct-to-VOD sans ambition contamine même des réalisateurs prestigieux, j'y trouve les bouffées d'air frais qui me motivent à élargir mes horizons.
J'ai vu Concrete Utopia dans le cadre d'un festival de films fantastiques, et j'en attendais un film catastrophe fauché avec deux minutes de destruction et deux heures de drame familial à la con, comme un film de Roland Emmerich. Au lieu de ça, j'ai vu deux minutes de destruction et deux heures de thriller tendu et efficace, et jamais le film n'a eu l'air fauché.
Côté destruction massive, ne vous attendez pas à en voir beaucoup plus que dans la bande-annonce. C'est un film de survie post-apo et en aucun cas un film catastrophe. Dans l'esprit, on est très proche d'un film de zombies, sauf qu'au lieu de vous emmerder avec une énième scène de course-poursuite contre des macchabées, Concrete Utopia se concentre sur le drame humain et les dynamiques sociales entre survivants.
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Bien écrit et solidement interprété, le film est remarquablement rythmé malgré sa multitude de personnages et rien ne semble aller trop vite ou trop lentement dans la manière dont les personnages évoluent et se foutent sur la gueule. Leur lente dégradation parait toujours justifiée et expliquée, plutôt que de tomber comme une perruque dans le potage, à la Daenerys.
Il ne s'agit pas d'un film à twist et j'ai rarement été choqué ou surpris, mais j'ai pourtant pris beaucoup de plaisir à me laisser emmener dans les péripéties quotidiennes de cette charmante communauté de bons voisins : les difficultés de l'organisation et du rationnement des vivres, les petites victoires contre le froid et le désespoir, les violentes poussées de communautarisme et le repli sur soi.
On pourrait s'attendre à des excès, du meurtre en pagaille, du viol et du cannibalisme, mais le film reste très modéré, sans pour autant paraître aseptisé. Au contraire, c'est une vision qui m'a parue bien plus crédible que la folie furieuse de The Divide (que j'ai pourtant adoré). Difficile de dire si j'en garderai beaucoup de souvenirs, mais j'en suis sorti enthousiaste.