Un sujet grave inspiré de faits réels sur un épisode méconnu dans l'histoire de l'armée américaine, cette dernière ayant tout intérêt à ce que ce sujet embarrassant ne s'ébruite pas trop. A travers la description d'un épisode capital de la vie du général Billy Mitchell, qui a remué ciel et terre pour faire admettre aux autorités militaires que l'aviation américaine était mal entretenue, Otto Preminger se livre à une critique de l'univers militaire et de l'armée la plus nationaliste du monde. Ici, le processus est inversé puisque c'est l'inculpé qui accuse l'état-major. Le film manque cependant de nervosité et surtout de fermeté, comme si Preminger ne s'était pas assez passionné pour le sujet. Imaginons ce qu'un Billy Wilder aurait tiré d'une telle histoire ; à l'image du Gouffre aux chimères, le film aurait gagné à être plus acerbe, plus féroce.
Les scènes de procès qui occupent les 3/4 du film auraient pu également avoir plus d'ardeur, mais en l'état, ce huis-clos militaire est sauvé par son interprétation, avec en tête un Gary Cooper qui incarne avec conviction ce rôle ingrat d'officier visionnaire ; il est bien épaulé par Rod Steiger qui hérite encore d'un rôle de "méchant" dans celui de l'avocat général des Forces armées, sans oublier Charles Bickford, Ralph Bellamy, James Daly, Elizabeth Montgomery (future héroïne de la série Ma sorcière bien-aimée et dont c'était le premier film), et des jeunes Jack Lord et Peter Graves, également futures vedettes de séries TV.