Semi-retour aux sources, par le biais du film concept, après une ‘’Extraction’’ à l’encéphalogramme plat, Steven C. Miller signe un huis clos particulièrement claustro’. Ses seules bouffées d’air frais viennent de nombreux flashback, qui permettent une construction en puzzle plutôt maligne. Si le film souffre de quelques maladresses, dans la structure du scénario, qui se perd parfois dans la présentation de personnages pas toujours intéressants, le produit final s’avère des plus réjouissants.
Bloqués sous l’eau dans une limousine, une bande de jeunes riches à papa tentent de survivre face à un ennemi inattendu : l’H2O. Principale menace durant la majeure partie de l’intrigue, le niveau de l’eau monte au même rythme que la tension. C’est là l’aspect particulièrement bien réussi de ce petit thriller rondement mené, avec un casting surprenant, qui livre parfaitement bien sa partition.
Dans une démarche hybride entre l’angoisse et l’action, Miller joue avec son audience, autant qu’il triture ses personnages. Petit jeu de massacre original, ‘’Submerged’’ propose un spectacle honnête, en assumant parfaitement une étiquette de film de genre, que vient adouber le revenant Mario Van Peeble. Grand comédien de productions modestes, les années ne semblent pas avoir d’emprise sur ce comédien sympathique, qui dynamite son rôle très secondaire, lors d’une ultime séquence un peu ‘’what the fuck’’.
Concrètement, Jonathan Bennett porte tout le film sur ses épaules, et le fait avec une implication qui fait plaisir à voir. Lorsque le cast est aussi impliqué que les scénaristes, la production et la réalisation, et bien même avec un budget ne dépassant pas les 10 millions de dollars, il est possible de livrer un divertissement des plus corrects. Cela suffit pour construire la perspective d’un bon moment, sans avoir l’impression d’avoir vu ou revu la même tambouille un nombre incalculable de fois.
‘’Submerged’’ apparaît comme une étape de réelle transition pour Steven C. Miller, car après le raté ‘’Extraction’’ il était légitime de se demander si la nouvelle orientation du Georgien (l’État, pas le Pays) se révélerait judicieuse. Il s’avère que oui, car si le film laisse la nature horrifique et gore de son cinéma des débuts, il maîtrise parfaitement la partition de l’angoisse. Puis, le tout bascule dans une sorte de flick d’action au Bis survolté, dont la présence de Mario Van Peeble tout en karaté, vient rendre des plus jouissifs.
Cette œuvre loin de toute ambition mal placée, n’affiche aucune volonté de révolutionner quoi que ce soit, bien que par moment, il est vrai, elle sombre parfois dans l’attendu. Les stéréotypes sont un petit peu trop appuyés, par quelques comédiens qui en font un peu trop. Mais en même temps, ce jeu bigger than life est aussi ce qui son charme de l’ensemble. À quoi vient s’ajouter une petite critique d’une société américaine à deux vitesses, absente de la réalisation précédente de Steven C. Miller.
Sous son aspect de minisérie B, il y a bien un message derrière ces jeunes à qui tout réussit (surtout leurs parents) et qui se retrouvent confrontés à un drame, en lien avec leur suffisance et leur arrogance. Le personnage principal, interprété par Jonathan Bennett justement, est assez détestable, dans un premier temps. Puis il se révèle en héros inattendu, des plus bad ass, dans un squeeze scénaristique peu explicité.
Il ne faut pas chercher ici midi à quatorze heures, il est important de laisser de côté toute quête de cohérence, ce n’est pas la priorité d’un cinéaste pragmatique. Ce qui prime ce sont deux choses : l’angoisse puis l’action. Se laisser porter par ces deux lignes directives c’est la promesse de passer un moment trépidant. Ses prétentions se résument à raconter une histoire fun, avec des scènes d’actions cools et moult retournements de situations.
Si tant est que l’on accroche au concept, pour se laisser bercer par les aléas du scénario, alors ‘’Submerged’’ demeure un excellent film de seconde partie de soirée les samedis soir plateau-télé. Sinon, pour les plus exigeants, c’est tout au plus un téléfilm correct, au pire un navet. Mais il y a quelque chose dans le cinéma e Miller qui dompte ces deux a priori, par une mise en scène jamais kitch.
Le film regorge en plus de petits clins d’œil, toujours pas finauds, aux œuvres qui ont influencé Steven C. Miller. Le plan final résonne ainsi en écho avec l’ouverture d’Evil Dead 2. Cette démarche lui permet d’inscrire ses films dans un courant qui a aujourd’hui presque disparu, phagocytés par les Blockbusters chronovores des gros studios et un marché du DTV sinistré par un manque d’imagination et d’envergure. Pourtant, ‘’Submerged’’ correspond justement à ce cinéma délaissé des vidéoclubs, de ces petits métrages qui ne vivaient que par la passion de quelques cinévores déviants.
C’est pourquoi ce film fait plaisir à voir, car au-delà de ses qualités et de ses défauts évidents, il appartient à une race de production qui a fait long feu. Le cinéma de Miller fonctionne en réplique à tout un pan de la culture cinématographique populaire, qui pour certains est clairement entré dans le patrimoine mondial du culte. Soit, un septième art mineur, généreux et sympathique ne se prend pas la tête, pour s’éclater avec un visuel et un mode de story telling parfois bien plus efficace que certains gros hits. Et putain, quelque part ça fait du bien de voir que ce cinéma existe encore !
-Stork._