Le défi est de taille. Comment transposer un monument romanesque de la littérature française en version filmique ? Bien qu'il n'y ait pas de secret, le mot d'ordre serait "souplesse".
Souplesse dans la langue, dans le cadrage mais essentiellement dans le choix des personnages. Or ce qu'on retrouve ici, derrière un Pete Doherty sans aucune prestance, n'est que rigidité. Il aurait pu se complaire et se réaliser pleinement dans un rôle qui lui va à merveille : le débauché. Mais cela ne dure qu'un temps et les choix de narration de Sylvie Verheyde se portent plus sur la passion entre les deux personnages principaux. Le problème est que Pete ne se fond même pas dans le personnage de la première partie, loin d'être cet être quelque peu sensible (il est atteint d'un mal, celui du siècle) il demeure impassible. Peut-être que le réalisateur de ce film entendait lui laisser une certaine liberté. Visiblement, le gros garçon aux cheveux gras n'est pas si à l'aise qu'il pouvait l'espérer dans les vêtements si serrés du vrai mélancolique. Etre mélancolique ce n'est pas seulement être indécis ou le paraître, ni même s'adonner aux débauches. Avant cela, c'est éprouver un mal, une maladie qui comporte des symptômes mais dont on ne peut pas en donner la cause. Pete n'a pas compris qu'Octave n'est pas seulement un personnage romanesque qui ne peut se passer d'amour mais le mélancolique par excellence. La dandy est resté dans le placard.
Seule Charlotte Gainsbourg éclaire la scène par un jeu toujours bon. La difficulté reste l'association avec l'autre acteur. Cela se voit clairement : elle ne se livre pas entièrement.
Le cinéma ne se résume pas à ses acteurs. En l'occurrence, ce sont les acteurs qui grandisse un film et le hisse au rang d'oeuvre cinématographique. Seulement, ici, c'est un rendez-vous raté. Loin d'être réceptif, le spectateur est à la limite du dégoût, autrement dit, il est à la fois retenu par la disgrâce et déçu par la prestation.