Une petite vengeance laborieuse
Là où le sud-coréen Park Chan-Wook avait réussi à séduire dans le domaine de la vengeance avec sa célèbre trilogie, le japonais Tetsuya Nakashima semble patauger sans jamais parvenir à convaincre.
En effet, si l'intrigue de "Confessions" semble intéressante au début, grâce à la froideur de la magnifique Takako Matsu, elle prend rapidement des allures d'anime, & ce dès l'annonce des briques de lait contaminé. Tout est tiré par les cheveux. Même si je conçois que le réalisateur ait voulu dénoncer les incohérences du code pénal à propos du crime chez les mineurs, il faut avouer qu'un tel cas ne peut se présenter chez un enfant en dessous de 14 ans, qu'importe son intelligence ou ses capacités ; tout cela relève d'une imagination furieusement empreinte de complexes.
L'ambiance quant à elle aurait pu être très bonne : gore, ténébreuse, cynique, crasseuse, moite, silencieuse. Tout aurait été parfait si des ralentis intempestifs & redondants n'étaient pas venus ponctuer le film & l'entraîner dans des longueurs dont le spectateur se serait volontiers passé. Les voix-offs sont très bien insérées, toutefois le gros de la trame est révélé dans le dernier tiers du film, & on a l'impression que ce surplus d'explications dévoile un certain manque d'idées de la part du réalisateur : l'aspect thriller était présent au début, tout se soutenait avec cohérence, mais dès le début des révélations, on perçoit une nette coupure, une déception quant à un film qui paraissait très bien construit jusque là. Les plans sont très jolis, cependant, & c'est avec grand plaisir qu'on admire la beauté froide & pleine de passion contrôlée de Takako Mastu (interprétant Moriguchi) ou la jolie bouille de Ai Hashimoto (qui a pour rôle Mizuki) ; on peut déplorer la mauvaise prestation de Yukito Nishii, très énervant au long du film, mais je pense que c'était le but premier de son rôle, Watanabe.
"Confessions" est une oeuvre qui se laisse regarder donc, mais sans grande prétention. L'atmosphère & les caractères des personnages forment un mélange entre l'univers de Park Chan-Wook & le décalage de la culture japonaise, néanmoins la vengeance semble être retenue, atténuée. Le déchirement est bien là, mais une participation plus active de Takako Matsu aurait été la bienvenue.