Je n'ai pas pris le temps une seconde pour réfléchir à comment j'allais parler de ce film, tenter d'en faire une description un minimum fidèle ou même donner un avis assez détaché du bordel que ça a foutu dans mes tripes, non pas par une violence visuelle, dérangeante et nauséeuse, non. Par le fait de voir une histoire écrite dans une calligraphie tendre et caressante racontant l'horreur du meurtre et de la vengeance, de l'abandon et de la maladie, de la terreur et de la folie. Une chute dans les affres des derniers ressors de l'être humain pour arriver à ses fins, qu'elles soient reconnaissance ou exutoire. au cour d'une montée en tension continuelle presque imperceptible tant elle se fait douce. (j'exagère un tantinet, c'est pour le côté dramatique)

Ce film, c'est l'histoire d'une institutrice désirant se venger de deux de ses élèves ayant assassiné sa petite fille. Une quête de vengeance. Une sorte de I Saw the Devil remplaçant le violeur brutal et d'apparence increvable par un gosse de 13 ans et le flic par son institutrice, le tout troquant une violence brute et exhibée dans l'explosif et le jouissif pour un déroulement dans la douceur la lenteur et le contemplatif d'une esthétique générale d'une grande beauté.

Ce film est une mer d'huile au clapotis des vagues légèrement douceâtre et apaisant sur une surface de produits toxiques extrêmement dangereux. L'image du requin sous vos pieds, un animal placide, lent et gracile, indifférent aux cris et à la terreur, une bête qui rôde et tourne lentement autour de vous, personnification terrifiante de la Faucheuse, pouvant couver son attaque indéfiniment, ne jamais passer à l'acte ou vous cisailler en deux d'un coup de dent, tout en restant un être modèle de grâce et de délicatesse, une beauté visuelle superbe d'une mortelle présence.
C'est un peu ça Confessions. Bon, j'en fais des tonnes et j'raconte un peu de la merde en me laissant aller, et certains pourraient vite penser que j'tourne maboule à voir des requins partout, mais j'avais prévenu que j'avais pas prévu, et c'est quand même un peu ça Confessions.

Un monde glacé où on reçoit un sms "Je t'attends sur le toit ♥ ?" et où on coure pour se faire démonter la tronche sous un couvert d'hilarité, un monde ou l'on s'attribue entre élèves des points de punition dont on exécute les sentences avec éclats de rire et applaudissements, un monde joyeux, d'entente parfaite et soudée, une protection mutuelle, un monde suintant l'irréel, propre et lisse, où la simple prononciation de trois lettres teintées de signification virale au milieu d'une classe provoque la panique générale et la terreur catatonique. Violences riantes, sournoiseries ludiques, psychoses insensées, paniques glaçantes et décérébrées... Rien de plus humain.

Et là c'est l'moment où j'm'aperçois que j'essaie de tourner autour du bocal à requins avec des métaphores pourraves et que ça veut pas dire grand chose tout ça, mais d'un sens, c'est pas forcément primordial (et c'est quand même un peu ça Confessions). Il y aurait beaucoup de trucs à redire sur ce film, vraiment beaucoup, accumulant toutes les lourdeurs d'un pur exercice de style dont il endosse parfois tant l'éclat que la platitude. Et je n'ai pas plus l'envie de le conseiller que de le revoir rapidement. Cette histoire m'a juste happé, comme une quête de vengeance ultra violente, comme un conte féerique des mille et une nuits, comme une suite abstraite de tableaux irréels en mouvement.
zombiraptor
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le 21 févr. 2013

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zombiraptor

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