Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !
Pour ceux qui n'ont pas suivi, le festival CinéMadness a lieu en ce moment, proposant une sélection de quatre films inédits en salles, principalement orientés horreur/thriller. J'ai commencé hier avec Donkey Punch et voici donc que je continue avec Confession d'un cannibale.
Film Allemand ayant reçu de nombreux prix, il se différencie des autres sur un point, il se base sur des faits réels.
Normalement je devais voir Grace et puis finalement j'ai bondi sur celui-ci car en lisant le synopsis je me suis rendu compte qu'il parlait de faits dont j'avais entendu parler à l'époque (en 2001), à la radio ou à la télé, je ne me rappelle plus, mais qui m'avaient particulièrement retourné la tête. Un homme avait répondu favorablement à une annonce publiée par un autre homme, cherchant une personne volontaire pour être mangée. Plus horrible encore, les deux hommes avaient d'abord mangé ensemble le pénis du volontaire. J'avais beau avoir largement dépassé la majorité je m'étais trituré le cerveau me demandant comment de telles choses pouvaient être possibles.
Visiblement c'est la même chose qui a intrigué le réalisateur, au point de mettre en scène la vie (fictive) d'une étudiante préparant une thèse sur le sujet et nous accompagner dans sa quête de réponses.
Katie Armstrong (Keri Russell) est donc une étudiante américaine en Allemagne, faisant des études de psychologie criminelle et choisissant pour thèse de fin d'études le cas d'Oliver Hartwin, tueur cannibale.
Rappelant dans sa narration l'investigation de Candyman ou encore celle de 8mm, elle nous entraîne dans un milieu de personnes se ventant cannibales mais étant pour la plupart de simples déséquilibrés incapables d'aller jusqu'au bout et uniquement en recherche d'un grand frisson SM. C'est cependant par ce type de forum qu'Oliver fera la connaissance de Simon Grombeck, homosexuel d'âge moyen et profondément marqué par le suicide de sa mère.
Ce qui frappe dés le début, c'est la qualité de la mise en scène. Riche et complexe, elle réussit tout de suite à mettre en place une atmosphère particulièrement malsaine et hypnotisante. Plus étonnant encore, le film bénéficie, pour une petite production indépendante allemande, d'une excellente photographie et d'un éclairage géré avec maestria, renforçant les traits des personnages et augmentant l'aspect lugubre de l'oeuvre.
On admirera aussi le fait que le réalisateur, Martin Weisz, ne nous livre pas de séances de torture gratuite à la Saw, les quelques gouttes de sang n'apparaissant que vers la fin du film, mais se concentrant plutôt sur la psychologie d'Oliver et de Simon, tentant de donner une raison à cet acte de pure folie.
A noter également que pour des raisons légales les noms ont été changé, Oliver Hartwin s'appelant en réalité Armin Meiwes et Simon Grombeck, Bernd Jürgen Brandes.
Mention spéciale pour les interprétations de Thomas Kretschmann et en particulier celle de Thomas Huber, interprétant avec brio l'homme torturé qui se sent inutile au point de considérer que la seule preuve d'estime qu'il pourrait recevoir serait d'être mangé.