Pillow Laugh
Comédie américaine de la fin des années 50, Confidences sur l'oreiller en possède tout le charme. C'est à la fois drôle, rythmé, burlesque, incroyablement kitchouille sur le plan des décors (oui le...
le 27 oct. 2011
6 j'aime
Dans l'histoire du cinéma, il y a quelques petites choses qui me rendent parfaitement heureux et que je peux revoir à l'infini : les comédies américaines des années trente, les westerns des années cinquante, Indiana Jones, les Disney de la grande époque et les Rock Hudson-Doris Day.
Les Rock Hudson-Doris Day (oui, oui, foin de galanterie, c'est vraiment trop moche dans l'autre sens), ne vous laissez pas avoir par la propagande ne sont finalement que deux. Celui-là et Un pyjama pour deux, absolument interchangeables et de qualité égale. De toutes façons une fois le premier dévoré impossible de ne pas craquer pour l'autre dans les jours qui suivent, c'est comme de revoir cette merveille, mais avec le plaisir de la nouveauté.
Avant Pillow Talk, moi, j'étais comme vous, je considérais Rock comme une grosse moulasse pas toujours à l'aise dans le mélo et un peu ridicule en héros d'envergure. Surtout, comme Ignatius J. Reilly, j'avais pour la Doris une passion haineuse et masochiste qui me poussait à essayer ses films uniquement pour voir jusqu'à quelles extrémités elle pouvait s'abaisser...
Mais depuis Pillow, bien sûr, tout à changé, j'ai enfin compris que Rock Hudson était un génie comique de premier plan et que la Doris était le contrepoint idéal pour y jouer sa partition.
Dans ce film, ça tombe bien, il est compositeur le Rock, sorte de Don Juan irrésistible qui a le malheur de partager sa ligne téléphonique (o tempora et ce genre de choses...) avec une blondasse décoratrice d'intérieur un peu frustrée mais qui ne se l'avoue pas.
Le scénario est de Stanley Shapiro, ce qui peut être bon signe malgré une fâcheuse habitude à rajouter des gags filés en parallèle dont on se passerait bien, comme ici l'obstétricien, même si ce n'est pas le pire de sa carrière. Lorsqu'il ne tombe pas dans le scabreux jusqu'au glauque, comme avec Un soupçon de vison, le bougre sait magnifiquement distiller son humour et sa lubricité du début à la fin du film, entassant les degrés comme autant de briques sur le mur idéal de la comédie truculente.
Malgré un champ d'action à la limite de la pornographie, il parvient dans ses deux chef d'oeuvres à rester aussi bon enfant et grand public que dans un Disney de bonne facture... D'ailleurs, j'avais prévu de vous faire un parallèle très long entre ce film et La Belle et le clochard, même que sans les spaghettis de l'un je n'aurais pas revu l'autre, mais ça nous aurait lancé dans une de ces discussions culinaires qui ont toujours le don d'irriter une partie de mon lectorat qui se fiche de savoir pourquoi j'ai rajouté des champignons hier pour accompagner les boulettes, les oignons, l'ail, le jambon, les olives et les tomates, ce que je ne peux d'ailleurs pas leur reprocher tout à fait.
Du coup, je reste sur mon sujet, tant pis pour vous, et mon sujet, c'est Rock. Rock qui parvient à être absolument dénué de morale et mignon comme un agneau bêlant dans le même plan, Rock qui multiplie les impostures hilarantes, quitte à se mettre à lui-même des bâtons dans les roues et sembler repousser d'autant son objectif inavouable.
Mais bon, Rock n'est pas tout seul, dans les Rock Hudson-Doris Day, déjà, il y a toujours Tony Randall, autre génie comique incompris et moins facilement défendable mais qui déclenche chez moi des soubresauts incontrôlables encore plus gras que devant Will Ferrel...
Et la merveilleuse Thelma Ritter en alcoolique increvable ? Et le liftier ? Et Dalio ?... N'allez pas croire que nos tourtereaux sont laissés à eux mêmes, toute la production du film et le métier des studios de la fin des 50's est à leur service ! C'est comme si tout, du split-screen à la voix off, avait décidé de se détourner de son sens premier pour se consacrer uniquement à la gymnastique de vos zygomatiques.
Le technicolor n'a jamais été aussi rose je crois, avec des petites poussées bleu pastel qui font croire que le kitsch a été inventé pour ce film, sauf que, comme les tenues absolument importables de la Doris, c'est tout à la fois brillamment assumé et touchant par nostalgie, une gageure !
Alors, oui, je sais bien, la moitié la plus sinistre d'entre vous ne comprendra jamais qu'on puisse souiller ses draps en regardant ce film, ni même qu'on puisse l'avoir consommé sans lassitude à une fréquence répétée uniquement limitée par l'existence d'un second opus ou presque qui permet de diviser la dose par deux en la multipliant du même chiffre.
Mais baste ! Tant pis pour vous, pingres de la drôlerie, pisse-froids neurasthéniques et fesse-matthieu de la truculence ! Je continuerai à conseiller ces films autour de moi, à les offrir aussi souvent que je pourrais (je refais régulièrement des stocks de coffret uniquement avec cet objectif) et à gâcher les soirées de mes voisins avec mes cris tonitruants à chaque fois que Rock esquissera un petit tressaillement de sa lèvre inférieure.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 15 Films de Téléphone, Top 15 Films avec Split Screen, Top 15 Films avec Marcel Benoît Blauschild, Top 15 Films à New York et Top 15 Films d'Ascenseur
Créée
le 3 janv. 2013
Critique lue 1.5K fois
27 j'aime
23 commentaires
D'autres avis sur Confidences sur l'oreiller
Comédie américaine de la fin des années 50, Confidences sur l'oreiller en possède tout le charme. C'est à la fois drôle, rythmé, burlesque, incroyablement kitchouille sur le plan des décors (oui le...
le 27 oct. 2011
6 j'aime
Pillow talk est le premier des trois films du Trio Rock hudson, Doris Day et Tony Randall, sortit en 1959 il sera suivi en 1961 de un pyjama pour deux (Lover come back) et en 1964 de send me no...
Par
le 8 juil. 2013
2 j'aime
Je n'ai pas adoré, j'ai été littéralement envoûté par ce film !!!! Certes, on sait parfaitement ce qui va se passer (d'ailleurs, la jaquette du dvd....), mais ça marche à merveille sur la variation...
Par
le 14 juin 2011
2 j'aime
1
Du même critique
A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...
Par
le 17 nov. 2012
471 j'aime
182
Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...
Par
le 22 janv. 2013
395 j'aime
174
Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...
Par
le 6 janv. 2011
366 j'aime
131