Conjuring adapte la formule lucrative de l'univers étendu à la sauce fantastique / horreur depuis maintenant huit ans. Déjà.
On vous dira donc sans doute que la franchise se disqualifie d'elle-même, vu que l'univers étendu, c'est forcément caca beurk pour faire du vilain fric pas beau et que c'est l'occasion d'imposer le moins disant qualitatif.
D'autant plus avec James Wan à la barre de l'entreprise : c'est à dire le vendu qui a soldé le fantastique pour ensuite aller se compromettre chez les beaufs de Fast & Furious, pour mieux ensuite s'adonner à la turgescence fluo du super héros débilo.
Et vu que ça cause catho par dessus le marché, il y a vraiment de quoi faire repasser son dîner de la veille par les trous de nez.
Si l'on peut reprocher à Conjuring quelques épisodes annexes assez quelconques, parfois tout simplement honteux, ne pas reconnaître à la série principale une certaine efficacité serait une redoutable hypocrisie. Mais on n'est plus à cela près pour affirmer son bon goût, que voulez-vous.
Avec Sous l'Emprise du Diable, la formule ne changera que très peu. Même si l'on essaie d'installer en parallèle du cas de possession démoniaque une enquête plutôt agréable à suivre au demeurant. Il n'y aura donc que très peu de surprise au final, tandis que les mécaniques de l'univers s'avèrent de plus en plus voyantes.
D'autant plus que James Wan n'est plus à la barre de l'entreprise afin d'imprimer une réelle identité à ce troisième épisode. Car si la photographie est plutôt chouette, la mise en scène s'avère d'une platitude et d'une économie assez déprimante. Alors qu'il y avait pourtant de quoi faire avec le thème de la religion s'insinuant au tribunal. Encore plus avec le ressort du satanisme qui offre un antagoniste fort face aux époux Warren.
Car avec Michael Chaves, tout semble anonyme. Avec Michael Chaves, le film semble se reposer sur une horreur traitée comme sous l'effet d'un tsunami : avec une tempête à décorner un boeuf qui se soulève, avec une musique et des effets sonores qui massacrent encore plus les tympans qu'à l'accoutumée, comme s'il n'avait pas confiance en lui.
Il reste cependant les inoxydables Vera Farmiga et Patrick Wilson, toujours aussi parfaits à l'écran, dans une dynamique de couple différente voyant un Ed Warren devenir plus fragile. Et il y a John Noble aussi. Celui qui, en quelques petites scènes, arrive à vampiriser l'écran à chaque fois qu'il apparaît à l'image.
Et ce final qui sonne comme un véritable face-à-face aux allures de labyrinthe et sortant de la routine de l'exorcisme bon teint.
Ainsi, pour celui qui sait pourquoi il a payé sa place, Sous l'Emprise du Diable demeurera un divertissement tout aussi honnête que formellement peu inspiré, qui se suit sans déplaisir sans pour autant se transcender afin de dépasser ses grands frères.
Non, pour cela, il aurait vraiment fallu un Wan again derrière la caméra...
Behind_the_Mask, in odd we trust.