Si The Conjuring: The Devil Made Me Do It constitue le volet le plus faible de la saga, c’est en raison de son absence d’identité narrative, tonale et visuelle. Le récit multiplie inutilement les sauts dans le temps sous la forme d’analepses et de prolepses, occasionnant une gesticulation pénible à l’écran de plans qui se choquent sans jamais s’influencer ni se nourrir les uns les autres. La confusion entre réalité et surnaturel, qui procède ici par un emboîtement des niveaux, ne donne naissance à aucune esthétique particulière ni fulgurance notable : nous sommes loin de l’infini nébuleux du premier Insidious (James Wan, 2010), sorte de no man’s land situé au-delà de la porte rouge. Un budget trop faible semble contraindre le film à des décors peu impressionnants – une forêt à côté d’une route, des intérieurs domestiques, un poste de police – que le paranormal ne vient jamais perturber en tant que tels. Les acteurs s’avèrent aussi transparents que l’artificialité congénitale des personnages qu’ils campent, dépourvus d’enjeux personnels et de profondeur.
Un épisode pour rien, qui se vautre dans une outrance choc pour mieux masquer sa carence en vision et en âme. Ce qui est paradoxal pour une œuvre axée sur le dialogue avec le monde des esprits.