Deux amies d'enfance,aussi moches que connes,forment un duo de chanteuses minable et se produisent dans des cabarets déserts.A Chicago,elles assistent à un meurtre.Pour échapper aux tueurs,qui veulent les éliminer,elles se réfugient à L.A. et s'y font embaucher dans une boîte gay en se faisant passer pour des hommes travestis.Leur show va y faire un triomphe et elles deviennent des stars underground.Dans la foulée de l'incroyable succès de son médiocre "Mariage à la grecque",l'actrice-scénariste Nia Vardalos tente de doubler la mise avec ce "Certains l'aiment chaud" du pauvre,en version féminine, et se crashe en beauté,le film étant passé gravement inaperçu,ce qui n'a rien d'étonnant.Elle a engagé comme réalisateur ce traîne-lattes de Michael Lembeck,celui qui a mis en scène les inénarrables suites de "Super Noël" ou "Fée malgré lui" avec Dwayne Johnson.Le gars a un tel sens de l'action et du rythme que "Connie et Carla" ressemble à un épisode de "Magellan" tourné au ralenti.Pour faire croire que c'est une comédie enlevée,on essaie de masquer cette marche funèbre avec une musique abrutissante de Randy Edelman et un surjeu hystérique des deux actrices.Passe encore pour Vardalos,incompétente notoire au regard qui se croise,mais il est bien triste de voir tomber dans un tel traquenard Toni Collette,la fantastique vedette du génial "Muriel" de PJ Hogan.Donc,Nia Vardalos,après avoir ridiculisé sa propre communauté,celle des gréco-américains,s'attaque cette fois aux homosexuels.Il se peut qu'elle ait été victime d'une association d'idées basée sur la célèbre expression "va te faire enculer chez les grecs".En ce cas,c'est une association de mauvaises idées,car le résultat est foutrement consternant.En fait,il est plus probable qu'elle ait été surtout victime d'un malentendu,celui consistant à croire que le triomphe de "Mariage à la grecque" était dû à son talent,alors qu'en réalité elle avait juste découvert une niche commerciale dont elle sort ici à ses dépens.D'ailleurs,elle a fini par prendre conscience de son erreur car,après des années de galère,elle a fini par se résoudre l'an dernier à sortir un "Mariage à la grecque 2",qui n'a du reste pas connu le succès du premier.Car si les films sur les grecs ne courent pas les salles obscures,les films sur les pédés,en revanche,encombrent les multiplexes,et la concurrence est rude.Contrairement à ce qu'on dit,il vaut mieux être tout seul sur une mauvaise affaire que plusieurs sur une bonne.D'autant qu'on ne peut traiter les deux sujets de la même manière,le lobby gay étant puissant et chatouilleux.Nia y va donc mollo,du moins le croit-elle.On voit bien qu'elle veut faire dans le gay friendly,mais avec des amis comme elle,on n'a pas besoin d'ennemis.Avec sa subtilité coutumière,elle fait ce qu'elle sait faire,de la caricature outrancière.Elle nous convie alors à un défilé de travelos pathétiques et décérébrés moulés dans des robes lamées et juchés sur des talons hauts,des chochottes extraverties au maximum qui ne peuvent s'exprimer qu'en poussant des petits cris de pucelles en chaleur,quelque part entre "La cage aux folles" et la Gay Pride.Si vous aimez voir des mecs faire du play-back déguisés en chanteuses disco en remuant du croupion,c'est sûr,ce film est fait pour vous.Sinon,l'intrigue policière,sans aucun intérêt,est carrément évacuée puis réapparait à la fin.Il y a aussi une histoire d'amour compliquée entre Connie et un hétéro récalcitrant parce qu'il la prend pour le mec qu'elle prétend être.Mais comme la fiancée du gars est une vilaine coincée qui n'aime pas les drag queens,tout va s'arranger opportunément.L'ensemble est farci de gags et de punchlines usés aussi hilarants qu'une conférence de Michel Sapin sur la hausse de la CSG et de numéros musicaux ringards qui permettent d'aligner du métrage sans se casser le tronc.Mais soyons équitables,deux ou trois trucs fonctionnent.Les tribulations de l'homme de main du gangster,par exemple,sont très marrantes.Le zig écume tous les spectacles musicaux des USA afin de retrouver les filles et finit par y prendre goût,devenant un véritable fan.Mais là encore Vardalos ne peut réfréner sa tendance à la caricature.Le malfrat est donc un slave,évidemment,et le public de ces shows est constitué essentiellement de personnes âgées à l'air hébété,à mettre naturellement en opposition avec la faune joyeuse des bars homos.Le film fait mouche également dans sa description des rapports difficiles entre Robert et Jeff,les deux frères aux moeurs divergentes.On touche là à un vrai problème,celui des dégâts et des incompréhensions provoqués à l'intérieur des familles quand l'un de leurs membres est homosexuel.Stephen Spinella et David Duchovny interprètent ces scènes avec classe et sensibilité,ce qui tranche agréablement avec le bazar bigarré qu'est le reste du film.On voit surgir pour finir Debbie Reynolds,extraite de son sarcophage,et dont on découvre pour l'occasion qu'elle est une icône gay,comme Chantal Goya.Quand même,débuter dans "Chantons sous la pluie" pour atterrir dans "Connie et Carla",ça interroge quant aux splendeurs et aux misères du showbiz.Pour conclure,laissons le mot de la fin à Billy Wilder:nobody's perfect,et surtout pas Nia Vardalos.

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le 18 déc. 2017

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