Conquest œuvre dans une heroic-fantasy plus préhistorique que médiévale. Point de cités grouillants de marchands d'esclaves et d'échoppes où objets et armes magiques se vendent à prix d'or. Ici, c'est la lande, désertique, si on excepte les inévitables monstres errants qui se tapissent derrière le moindre rocher (et les buissons agressifs).
J'ai peu ri devant ce film. Il y a bien quelques scènes marrantes tel que le combat de Mex contre son double, avec leur maniement si particulier d'un nunchaku primitif (surtout utilisé comme une masse, ainsi que le titre original le laissait entendre), le sauvetage par les dauphins, ou encore la tronche de certains monstres (homme-loups adeptes du craztêt et homme-foetus moisis sont pas mal), mais l'ensemble est plutôt un spectacle psychédélique envoutant. Comme le décrit bien la chronique de Nanarland et ses caps baveuses, Fulci a donné un ton très étrange à son métrage, éthérée et vide, avec ses paroxysmes de violence gore inhabituel pour le genre (mais toujours sympa). Certains plans s'imbriquent les uns dans les autres avec grâce et il est évident que Lucio imprime sa patte à Conquest.
De plus, le scénario surprend par certains de ses parti pris : le sort du personnage d'Ilias prend à contre-pied à 2 reprises, et je dois avouer ne pas avoir vu venir la fin telle qu'elle est. En plus, le nombre de créatures est élevé, Jorge Rivero est baraquement trippant, l'arc magique à flèches massive headshots donne envie et voir Crone invoquer Zora (qui n'est pas exploratrice) vaut son pesant de cacahouètes érotiques.
Bref, Conquest un une série B à la coloration nanar assez étonnante, qui entraine le spectateur dans son univers étrange. Un réalisateur de talent au service d'un film pourtant raté, une surprenante alchimie.