Critique de la nouvelle république :
"En quelques mois, Andrej a glissé de la naturelle révolte adolescente à la franche délinquance. Désarmée, la mère de cet athlétique garçon de 17 ans voit du bon œil son placement en centre de détention pour mineurs. Elle n’a pas compris que les dérives d’Andrej sont l’expression d’un mal être.


Belliqueux, rebelle, il n’hésite pas à jouer des poings à l’occasion, comme pour affirmer sa virilité et étouffer des sentiments incontrôlés qui lui posent problème. Andrej ne ressent aucune attirance pour les filles, c’est davantage sur les garçons que son regard s’attarde. Pour l’heure, il reporte toute son affection sur un rat apprivoisé.


Au centre de détention, toute faiblesse peut s’avérer dévastatrice : c’est la loi du plus fort. Comme dans les meutes de loups, il y a le mâle dominant, Zeljko, surnommé Zelé. Devant lui tout le monde courbe l’échine, mais Andrej n’est pas du genre à baisser les yeux. Les deux loups se testent, se reniflent. Zelé s’est trouvé un allié à sa mesure. Mieux, il comprend vite le sens de ces regards à la dérobée.


Andrej (Matej Zemljic) s'entend bien avec son copain de chambrée. Mais Luka (Lovro Zafred) ne passera jamais avant les desiderata de Zelé.
Andrej (Matej Zemljic) s'entend bien avec son copain de chambrée. Mais Luka (Lovro Zafred) ne passera jamais avant les desiderata de Zelé.
© Epicentre films


Sans doute que dans d’autres circonstances, une histoire aurait pu naître entre ces deux gaillards. Mais Zelé n’est pas en mesure d’oter sa panoplie de caïd. Il emmène néanmoins Andrej dans ses fêtes saturées de cocaïne et d’alcool. Et lorsque la drogue fait tomber sa copine dans les vapes, il reporte toute son attention sur Andrej. Au matin, il dit ne se souvenir de rien et blame les effets conjugués de l’alcool et de la drogue.


En poussant Andrej sur la route de ses désirs inavoués, Zelé tient un moyen de pression qui pourrait trouver une caisse de résonance efficace sur les réseaux sociaux s’il rechignait à devenir son homme de main.


« J’ai vécu des histoires similaires à celle d’Andrej quand je travaillais dans un centre de détention pour ados en Slovénie » raconte Darko Stante. « J’ai été notamment assez dérangé par une discussion avec un des éducateurs au sujet d’un garçon dont on pensait qu’il était gay. Il disait que si on parlait avec lui de ça, on serait ensuite obligé de le renvoyer. »


Quand le réalisateur Darkon Stante n'est pas derrière une caméra, il est tuteur dans un centre de réhabilitation de jeunes en difficulté.
Quand le réalisateur Darkon Stante n'est pas derrière une caméra, il est tuteur dans un centre de réhabilitation de jeunes en difficulté.


En Slovénie, en dehors de la capitale Ljubjuana, la société est encore très conservatrice et Darko Stante a eu un mal fou à constituer son casting. « Au départ, je pensais trouver des acteurs non-professionnels et j’ai lancé un énorme casting. De nombreux jeunes sont venus. Mais cela s’est avéré difficile de les diriger. Je me suis donc adressé à une école de théâtre et j’ai choisi quelques acteurs. Pour eux, le plus difficile était les scènes de violences plus que celles d’intimité où ils devaient s’embrasser. Quand ils devaient se battre, c’était plus compliqué car ce sont des garçons non-violents, beaucoup plus cultivés et sophistiqués que leurs personnages. Faire sortir toute cette violence a représenté un gros travail. »
Dans le rôle d’Andrej, Matej Zemjlic dégage autant de force que de fragilité. Relativement mutique, il tient son personnage avec autorité tout comme Timon Sturbej qui interprète un Zelé aussi inquiétant qu’ambigu. Physique sec, visage plein de souffrance et de dureté, Rosana Hribar est également très convaincante.
"Conséquences" est l’histoire d’un garçon qui se sent trahi par les siens, par la société, par l’amour. Ces trahisons font de lui une bombe à retardement. C’est magnifique."

HenriMesquidaJr
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le 21 juil. 2019

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HENRI MESQUIDA

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