Maîtrisé, fort et intéressant, un film à la tête d'affiche bluffante mais s'égarant parfois entre de

Voici un film d’une cinématographie européenne extrêmement rare voire inexistante sur nos écrans hexagonaux. Il s’agit en effet d’un film slovène, petit pays de l’Est pourtant proche de nous entre la France et l’Italie. Ce qui ne veut pas dire que le cinéma là-bas est inexistant, pauvre ou peu qualitatif, la preuve avec ce « Conséquences » de belle tenue. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, encore moins un film qui va révolutionner quoi que ce soit mais sa vision s’avère très plaisante et les thèmes abordés plutôt intéressants. Le sujet principal des centres de détentions pour jeunes délinquants est bien abordé le réalisateur étant lui-même éducateur. Il a donc choisi pour ce premier film plus que maîtrisé un univers qu’il connaît bien et qu’il retranscrit de la meilleure des façons en pointant du doigt une certaine jeunesse désemparée et laissée à l’abandon.


On est loin de « Dogpound », maître étalon de ce genre de film, mais plutôt que le thriller hard, Darko Stante a choisi une veine sociale et sociétale bienvenue. Ce pensionnat où des jeunes violents et désemparés ne répondent plus à l’autorité pourrait se voir comme le miroir d’un pays écartelé entre populisme et démocratie. Conséquemment, les rapports entre les personnages sont empreints de malaise et se devinent comme le parangon d’une population désemparée entre parents démissionnaires, velléités d’émancipation et besoin d’attention de la jeunesse ou encore tolérance limitée par un pays où la virilité est de mise. « Conséquences » interroge bien les questionnements intérieurs de son jeune héros complexe et taiseux à l’heure du passage à l’âge adulte. Celui-ci alterne violence (avec ses parents et certains détenus) et douceur (avec son rat et celui qui l’attire), besoin de reconnaissance et besoin d’indépendance, tendresse juvénile et folie emplie de rage contenue. Et pour incarner ce jeune protagoniste principal complexe, on est face à une perle au charme magnétique en la personne d’un acteur débutant : Matej Zemjic. Chapeau bas à ce jeune homme qui donne tout entre scènes sensuelles entre garçons, scènes de violence crue et intériorisation ou extériorisation d’émotions pas facile à retranscrire. Il est bluffant de bout en bout et joue beaucoup dans la réussite du film.


L’immersion dans le monde carcéral pour jeunes n’apporte rien de nouveau et déploie certains clichés tel que le sous-fifre du bad guy ou des rapports de force classiques et déjà-vus entre soumission et domination. Mais c’est documenté et cet aspect documentaire ne prend jamais le pas sur la fiction pour un film sans baisse de rythme et à la tension qui monte crescendo. On sent que tout cela va mal finir. La fin n’est donc pas vraiment surprenante, elle est même logique, mais elle reste quand même crue et choc. La mise en scène caméra à l’épaule se justifie bien par le fait que le cinéaste veut coller au plus près des atermoiements psychologiques de ses personnages et des rapports malsains qu’ils entretiennent. Quant à l’homosexualité du jeune héros, elle est montrée avec tact, réalisme et pudeur mais ne se marie pas toujours bien au propos premier du film. Disons que lorsque « Conséquences » traite de l’un ou de l’autre sujet séparément ça passe mais le fait de marier les deux est un exercice ardu (mais pourtant pas antinomique tant l’homosexualité en prison peut être un sujet passionnant) qui n’est pas toujours bien négocié. Une belle découverte dans tous les cas.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 5 juil. 2019

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Rémy Fiers

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