A partir d'une feuille demeurée intacte, le réalisateur doit faire un travail énorme de réflexion et d'imagination sur cette conférence qui décide du sort d'une partie de l'humanité.
Pas d'action, pas d'explosions, pas de fond vert bidon et de grands renforts d'ordinateurs pour tenter de masquer un scénario inexistant : bienvenue au théâtre, on a des choses à vous dire !
Les acteurs sont très bons, les dialogues finement imaginés, les échanges de regards hypocrites, la conférence menée de main de maître : tout y est.
Impossible de ne pas ressentir l'atmosphère pesante du huis clos, la volonté de chacun de vouloir briller plus que son voisin, les alliances moribondes qui se créent, les ronds de jambes pour des bouts de ferraille à s’accrocher à la veste pour essayer d'en avoir une plus grosse que l'autre et surtout l'exposé très clair à l'attention de ceux qui auraient des doutes ou voudraient faire machine arrière, étouffant toute idée de contestation car ce que l'on cherche ici c'est l'adhésion de tous à la politique déjà fixée par le Duc.
Le parfait récit d'un engrenage jaloux dans lequel on a passé un doigt pour l'accompagner avec plus ou moins de zèle et qui demande désormais l'homme tout entier pour nourrir son inertie. Car c'est une histoire de mecs : la seule présence féminine se limite à une bonniche.
Non vous ne verrez pas de zombies NaZis fanatiques plein de sang dégoulinant tirant dans tous les coins, mais des bureaucrates qui veulent régler un "problème agaçant" et qui le règlent en bureaucrates du mieux qu'ils peuvent, loin des réalités et des conséquences, en parfaite harmonie avec le monde politique tel qu'il est depuis que ce monde est monde.
Cet exposé, s'il est compris, remettra à leur place ceux qui pensent que tout le monde était "NaZi" par choix délibéré et qui, insultant bien trop facilement car ils sont à cours d'argument, à grand coups de "NaZi" ou de "Fasciste" qu'ils ne savent le plus souvent même pas écrire correctement et dont ils ne connaissent rien ou alors pas grand chose si ce n'est le discours perroquet habituel. Sur ce point j'ai un gros doute.
In fine le film rejoint les diverses études menées depuis l'expérience de Milgram, laquelle est plus que jamais d'actualité, mais là également, allez l'expliquer à ceux qui se contentent de raccourcis...
Un téléfilm qui méritait d'être un film, oui mais voilà : ça n'aurait eu aucun succès au box office car il y a un scénario et il faut réfléchir !