De nos jours, l’Amérique n’a plus (vraiment) le monopole des grosses productions cinéma. En témoignent les différentes compagnies chinoises, russes, indiennes ou turques qui ont l’insolente ambition de produire des blockbusters.
Et c’est justement de fresque historique turque dont nous allons traiter aujourd’hui.
Constantinople relate l'épisode -méconnu en occident- de la prise du dernier bastion byzantin, future Istanbul, par le puissant sultan Mehmet II en 1453. Non contentes de placer au cœur de l'intrigue la formidable expansion de l'empire ottoman, les 2h30 du film détaillent avec soin les préparatifs stratégiques et militaires, mais surtout politiques et économiques du sultanat avant le siège.
C'est là une excellente surprise. Car Constantinople ne se contente pas d'être un film de guerre violent, avec un vague fond historique, pour récolter du pognon. Au contraire, sa représentation des cadres géopolitiques européens et orientaux du XVème siècle révèle un attachement à la véracité historique.
Des tensions entre le Vatican latin et l'empire Romain d'orient, en passant par les conflits entre communautés orthodoxes byzantines, jusqu'aux prétendants au trône ottoman; eux qui n'attendent qu'une faiblesse pour destituer leur souverain.
Le siècle des janissaires turcs est ainsi exhaustivement représenté, bien qu'il soit assez simpliste (le film exagère notamment la puissance de l'empire byzantin, qui n'était plus que l'ombre de son apogée à cette époque). En revanche, la deuxième partie du long-métrage (le siège de Constantinople, donc) a certes une mise en scène pleine d'adrénaline (semblable à celle de Kingdom of Heaven), mais aussi un aspect grossier et décevant. Nous y reviendrons.
Par ailleurs, les costumes et accessoires sont fidèles à l'histoire ottomane, et la variété d'acteurs jouent pour la plupart bien leur rôle. Notons d'ailleurs un "sosie" turc de Keanu Reeves. Et également un sosie de Chuck Norris jeune, mais ça, ce n’est pas un compliment. En effet, duels bourrins et gros plans shootés à la testostérone viendront gâcher les derniers actes du film.
Du kitch et un peu de désuet par-ci par-là, ce qui nous permet de transiter vers un second défaut: une poignée de romances, qu'un amateur de films historiques trouverait inutiles, mais que les cinéastes mettront toujours pour étendre le public de leur œuvre.
Conclusion:
De louables efforts en matière d’authenticité historique, malgré des scènes de violence surjouées et une fin trop idyllique (point de pillage à la levée du siège...). N’omettons pas, en outre, l’aspect nationaliste et glorificateur du film par rapport à l’histoire turque, qui est (et ça ce n’est pas nouveau) propre à être nuancée.