Trop de longueurs pour captiver...
Robert Zemeckis peut se vanter d’avoir conquis Hollywood et les esprits avec son grand succès qu’est Forrest Gump. Si le réalisateur est connu pour sa mythique trilogie Retour vers le Futur, le film avec Tom Hanks est tout de même celui qui lui a permis d’obtenir l’Oscar du meilleur réalisateur (en plus de meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur, meilleur montage et meilleur effets visuels). Il est donc normal que la carrière post-Forrest Gump se fasse attendre. Qu’en est-il de Contact alors ?
Ellie Arroway, passionnée depuis sa plus tendre enfance par l'univers, est devenue une jeune et brillante astronome. Avec une petite équipe de chercheurs elle écoute le ciel et guette un signe d'intelligence extraterrestre. Un jour, ils captent un message.
Adapté d’un roman de Carl Sagan paru en 1985, Zemeckis et son équipe s’aventure dans un sujet à la Rencontres du Troisième Type, celui où toute une équipe d’hommes et de femmes tentent de rentrer en contact avec des extra-terrestres. Là où Steven Spielberg installait son sens du merveilleux habituel, Zemeckis et ses scénaristes préfèrent opposer la science à la religion dans un film de 2h30. Un duel qui peut s’avérer profond et intéressant si l’ensemble se montre intéressant. Et malheureusement, à aucun moment Contact n’arrive à capter l’attention… D’une part à cause de son abominable niaiserie qui rend l’histoire d’amour inutile et rose bonbon. Enlever les séquences romantiques, c’est déjà ôter 40 minutes du film. Puis viennent les moments intimes, dont quelques uns touchent (la jeune Ellie tentant de joindre son père décédé à la radio) mais que trop rarement, 15 minutes. Et enfin des passages qui ne sont filmés et montés que pour donner du corps aux personnages qui, finalement, ne servent à rien. Du coup, il ne reste à peine qu’une heure intrigue de Contact, celle où arrive le premier « messages » des extra-terrestres et la mise en marche de la machine. Sinon, Contact est incroyablement long, osant même se terminer sur une note grand-guignolesque.
Ce côté grand-guignolesque, le film le doit à ses effets numériques plutôt dégueulasse. On pourrait excuser l’époque du film, mais sortir un an après un certain Independence Day, quelques années après Jurassic Park (et surtout le fait que Forrest Gump ait obtenu l’Oscar des meilleurs effets visuels). De ce fait, Contact n’a donc aucune excuse de nous présenter des effets spéciaux en dessous de la qualité d’Abyss. Surtout quand un final n’est composé exclusivement d’images trafiquées et rajoutées. Cela aurait donné plus de charme et de poésie au lieu de fous rires. Ne reste qu’à Contact sa bande originale quelque peu clichée mais qui arrive à offrir l’émotion qui manque au film, et une mise en scène intéressante de Zemeckis.
Ne reste aussi qu’une distribution composée d’acteurs plutôt convaincants, à défaut d’être au meilleur d’eux-mêmes. A commencer par Jodie Foster, qui arrive parfaitement à transmettre la passion qu’à son personnage pour ses recherches, mais qui se plonge dans l’excès lors de son « voyage ». Matthew McConaughey joue les tendres en un regard, mais ne va pas au-delà. Tom Skerrit a de la prestance, mais semble s’en contenter. Avec un peu plus de dévouement pour le projet, l’ensemble serait sans doute mieux passé. Ils n’avaient qu’à prendre exemple sur John Hurt, étonnant en vieux directeur bizarroïde, sur David Morse et William Fichtner, véritablement touchant. Le premier pour son côté sympathique, le second par son handicap (la cécité) et la façon de le simuler.
Voilà, Contact peut être touchant et d’actualité de par sa dualité entre religion et science, mais ne va jamais plus loin que le simple produit purement hollywoodien qui capte les esprits. Notamment à cause d’un visuel pas joli joli, mais surtout la faute à d’incroyables longueurs qui plombent l’intérêt et la sincérité du film. Du coup, les moments attendrissants, dans leur ensemble, en deviennent tout simplement niais. Comme quoi, on peut recevoir les Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film et se planter aussitôt après ! Et ce même si 3 ans séparent Forrest Gump et Contact…