(Spoilers)
Après The dark knight et Inception les fanboys de Christopher Nolan se sont multipliés, la plupart criant "au génie !" en se revisionnant sa filmographie et en attendant son tout nouveau projet : Interstellar.


Faisant moi-même partie des gens qui apprécie ce cinéaste, je dois avouer qu'une problématique m'a frappée avec ce dernier film (ainsi que dans TDK rises à vrai dire), il est ambitieux dans ses intentions mais casse-gueule dans sa narration et surtout très emphatique (j'en ferais sans doute une critique ultérieurement).
Dans ses précédentes productions - à savoir les Batman et Le prestige - Nolan était un véritable chef d'orchestre, maitrisant tout les niveaux de ses œuvres avec finesse et puissance.
Ses projets suivants auront révélés que ces deux éléments sont indissociables quand on aspire à être un maestro du cinéma (ce qui est tout à son honneur).


Quelques temps après avoir vu cette semi-déception, je me suis souvenu d'un film que j'ai vu étant enfant et qui était très proche dans ses thématiques :

Contact



Contact c'est de la science-fiction à échelle humaine.
Et quand je dis échelle humaine, c'est échelle humaine !
Tout ce qui s'y oppose étant enfermé dans une TV ne diffusant que des images de façade, du paraître (comme pour la scène du discours du président adressé aux Etats-Unis et retransmit dans le monde entier) voire des mensonges (le discours sournois du supérieur de Jodie Foster). Il est en tout cas toujours question d'un enjeu pour l'humanité dans ces petites boites, sans jamais prendre le temps de s'arrêter sur l'humain.
Car oui, ici pas d'orgues criantes, pas de Zimmer et pas de cadres à la Kubrick.
Ici, on est chez tonton Robert. Et tonton Robert, eh bien il n'est pas du genre à sortir les trompettes à chaque coup de génie (d'ailleurs si c'était le cas, mon tympan exploserait devant chacun de ses films).


Mais de quoi ça parle Contact ?
Eleanor Arroway, une enfant passionnée de radio-télécommunication et d'astronomie perdra son père à 9 ans ce qui laissera une marque indélébile en elle. Élève brillante, elle rejoindra rapidement le programme SETI pour exercer sa passion de toujours. Cependant, le scientifique gouvernemental David Drumlin décide du jour au lendemain de stopper le financement du programme. Ellie finit par trouver un autre investisseur mais le programme est a nouveau menacé... Jusqu'au jour où elle tombe sur un signal provenant du ciel.
Un message d'une intelligence extraterrestre pour les uns et un message de Dieu pour les autres.

Ainsi débutera un conflit (à plusieurs niveaux) déjà ancestral,
l'affrontement entre la science et la religion.


Avance rapide...
Le signal contenait le plan d'un vaisseau, ce qui est clairement une invitation de la part des extraterrestres. Un jury international se forme donc pour trouver un volontaire pour ce périple historique. Ellie (interprétée par l'excellente Jodie Foster) se porte naturellement volontaire mais son manque de foi ou plutôt son athéisme (qui lui sera sans cesse rappeler, telle une sanction, plusieurs fois dans le film) la rendra inapte à représenter les humains selon eux. En un sens, Dieu lui a voler son père et maintenant, sa chance d'établir un premier contact avec les extraterrestres dont elle a elle-même découvert le signal.


Pourquoi je croirai en Dieu alors qu'on ne peut prouver son existence ?
Est-ce que ce personnage ne serait pas un maillon essentiel - de la grande chaine que forme l'humanité - justement pour ses caractéristiques ?
Sa simple existence constitue une provocation et des interrogations dans un monde où 95% des gens sont croyants (dixit le film). Ses interrogations n'ayants pas seulement une utilité scénaristique mais une utilité extra diégétique.
Pourquoi je croirai en Dieu ? pour Jodie Foster peut se poser différemment pour le spectateur devant son écran : Pourquoi je crois en Dieu ? Pourquoi suis-je athée ?
Le scepticisme et la foi - dans son sens large - étant au cœur du film.


La force de l'héroïne réside dans son tempérament.
Fière, fonceuse, courageuse, passionnée, digne, droite.
Difficile de ne pas avoir de respect pour un tel personnage, que l'on soit opposé à ses croyances ou non. Là où le film est intéressant c'est qu'il ne prend pas parti pour la science ou pour la religion. Il nous les présentent au contraire comme un vieux couple que tout oppose - personnifié ici par Jodie Foster et Matthew McConaughey - mais qui reste inséparable malgré tout pour la simple et bonne raison qu'ils ont tout deux quelque chose à offrir à l'humanité.
L'un, l'agrandissement de nos connaissances sur le monde permettant de rationnaliser d'anciens mystères et l'autre, une aide à la spiritualité face au "grand gâchis de vide" qui nous entoure. La spiritualité étant le palais des sentiments.
En bref, les deux faces d'une même pièce un peu perdue dans l'univers mais loin d'être seule pour peu qu'elle y crois.


Contact s'inscrit parfaitement dans la filmographie de son réalisateur qui - à l'instar de son grand ami Spielberg - ne s'intéresse au fond qu'à ses personnages.
Les machines extraterrestres ou à voyager dans le temps ne servant qu'à divertir le spectateur, lui faire passer un bon moment dans son siège ou son canapé.
Le but de ces deux grands cinéastes est avant tout de parler d'humain aux humains car un film ne serait évidemment rien sans un public pour le voir, pour intercepter ses signaux, ses messages.


Ce qui m'émeut particulièrement c'est ce rapport père-fille, central au récit.
Cette réflexion sur la passion juvénile de Ellie qui tirait sa source dans les moments intimes passés avec son papa. Adulte, elle prétendra chercher des extraterrestres dans le ciel alors que la génie téméraire et athée qu'elle est recherche en fait la douce voix de son défunt père dans l'étendu de son espace intérieur. C'est à la fois grandiose et intimiste. Puissant et fin.
Rares sont les cinéastes avec une telle maitrise de la mise en scène, riche et inventive sans être appuyée lourdement, comme une fluidité naturelle et un tel sens de la direction d'acteurs.
Rares sont les cinéastes capables de parler directement au cœur du spectateur tout en lui offrant un spectacle enivrant.
Rares sont les cinéastes comme Robert Zemeckis.


Je ne dis pas que tout les réalisateurs doivent adopter son style mais s'il y a bien quelque chose que j'ai appris avec mes deux tontons c'est que le vrai cinéma réside surtout dans le discours et la sincérité de l'œuvre, pas dans les apparences.
Ceci dit, il y en aura toujours à préféré le paraître.

William_Finley
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le 9 août 2017

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William Finley

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