Jodie Foster et les nazis contemplatifs de l'espace

[Contient des spoilers du film]

Donc, Contact, film dont la seule référence que j'avais était sa mention dans South Park, à laquelle je n'accorde pas forcément d'importance (pourtant, je devrais).

L'histoire débute à Porto Rico où Jodie Foster alias Ellie et son équipe sont à la recherche de signaux d'origine extraterrestre. On est assez vite dans l'ambiance entre espoir de trouver un signal, moiteur de Porto Rico, rivalités au sein de l'équipe, un des meilleurs points du film selon moi - constamment, on verra Ellie se faire voler la vedette par son chef qui n'a pas accompli le quart du dixième de ce qu'elle a fait -, recherche de subventions, temps qui se fait long à force d'écouter des signaux qui n'arrivent pas.

Un début plutôt prometteur qui est vite gâché par un évènement particulièrement énervant : on apprend qu'en fait, si Ellie se donne corps et âme à la recherche de signes de vie extraterrestre, c'est ... par amour pour la science ? par foi en l'idée de n'être pas seuls dans l'univers ? Mais NON voyons, c'est parce que son père, qui adorait observer les étoiles, est mort. S'il adorait faire des barbecues, elle serait probablement devenue la meilleure grilleuse de steaks Mcdo des Etats-Unis. Ce passage m'a particulièrement énervée car il n'était pas difficile de tourner les choses différemment, en omettant ou modifiant la mort du papa, sans tomber dans le pathos sexiste habituelle (une femme scientifique ? ah mais c'est parce que son père est mort ! et oui tous les autres scientifiques sont des hommes). Heureusement, Jodie Foster rattrape le coup en livrant une prestation convaincante de Ellie qui ne vit que pour les signes de vie extraterrestre, n'abandonne jamais et ne verse jamais dans le côté "féminin fragile dans un monde d'hommes" : elle joue un rôle de scientifique, point.

Voici pour le début du film que je parviens à décrire de manière objective tant rester objectif pour la deuxième moitié du film est plus hardue.
Le signal envoyé par les extraterrestres, une vidéo d'Hitler, permet un des moments les plus étranges du film, à la fois absurde et drôle, j'ai beaucoup aimé. J'aurais adoré déboucher sur une histoire à la Iron Sky avec des nazis dans l'espace, mais hélas ce n'était pas au programme de notre excellent réalisateur.

Le gros problème commence avec le rôle de Matthew McConaughey qui joue le "conseiller spirituel de la Maison Blanche" (ce n'est pas une blague) qui veut à tout prix donner une dimension spirituelle (chrétienne, en fait) au film. On a donc droit à des passages complètement incohérents comme Matthew qui, après avoir soutenu Jodie Foster tout le film, alors qu'elle passe un entretien pour pouvoir aller dans l'espace d'après les plans communiqués par les extraterrestres, lui pose la question "croyez-vous en Dieu". Ah oui parce que le fait qu'elle ne soit pas du tout astronaute, pas grave, par contre il faut absolument croire en Dieu pour pouvoir représenter la race humaine qui apparemment "croit en 95% à l'existence d'un être supérieur" ! Mais qu'est-ce que ça peut bien foutre là ? C'est pour donner une couleur spirituelle au film ? Parce que bon, entre voyages dans l'espace, perspective de ne pas être seul dans l'univers, infiniment grand, ... on n'avait pas assez de possibilités d'explorer la spiritualité - par exemple en explorant le ressenti de différents protagonistes à ce sujet, chose que le film oublie de faire -, il fallait utiliser les plus grosses ficelles façon téléréalité en demandant à une personne visiblement agnostique si elle croyait en Dieu devant toutes les caméras du pays.

Heureusement, grâce à un habile mouvement scénaristique, le chef d'Ellie - qui devait aller dans l'espace à sa place - meurt, et du coup elle finit par y aller malgré son agnostisme (il y avait huit autres candidats mais apparemment tous sont morts, ou le jury a changé d'avis, ou c'était la seule candidate à posséder une bouteille de Coca-Cola dans son frigo comme 92% des êtres humains).

S'en suit un moment plutôt absurde qui se veut métaphysique façon 2001 odyssée de l'espace où les extraterrestres prennent l'apparence du père d'Ellie - ... - pour lui dire, eh bien, rien, sur fond de paysage stellaire, puis elle retourne sur Terre où elle explique son expérience et où personne ne la croit car elle n'a pas de preuves, elle demande donc aux gens qui l'écoutent de bien vouloir la croire dans une scène plutôt bien jouée et qui renvoie directement à la foi en un être supérieur malgré l'absence de preuves. Un moment qui aurait suffi à donner une dimension spirituelle à tout le film.... Fin.

Malgré le scénario très moyen qui tombe sans cesse dans le cliché, j'ai apprécié regarder Contact pour différentes raisons - le thème rarement abordé, la prestation des acteurs, certaines scènes très bonnes comme lorsqu'Ellie va décoller pour Véga et voit défiler une foule incroyable où chacun réagit à sa manière aux évènements : peur, joie, sectes, rock n'roll, néo nazis, familles ... un moment très juste qui effleure de multiples facettes de l'humanité.