La leçon de Cinéma
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L'automne, c'est l'entrée dans la deuxième moitié de la vie. A l'image de Magali (B. Romand) viticultrice qui veut produire des vins capables de bien vieillir, ce dernier épisode des Contes des quatre saisons prend la forme d'une ode à la maturité, peinture de la maturation des coeurs vers une nouvelle vitalité; plus ordonnée, plus sélective et plus honnête que celle des jeunes années.
Rosine (A.Portal), après avoir eu une aventure avec son professeur de philo d'une bonne grosse vingtaine d'années son aîné (à la louche), se met à fréquenter le fils de Magali comme pour passer le temps, pour butiner; une passade, un intérim; loin de vouloir s'engager, c'est en fait de Magali dont elle est sous le charme (attention, pas d'ambiguïté, on est chez Rohmer, tout ça reste très convenable!). Sa sagesse, sa culture, son expérience l'attirent bien plus que les élans juvéniles de ce petit copain dont on peut imaginer qu'elle se débarrassera peut de temps après le générique de fin. Etienne (D.Sandre), le fameux prof de philo qui fait craquer (sans le vouloir) toutes ses petites étudiantes, se décide quant à lui à enfin rencontrer une femme de son âge même si l'enthousiasme n'y est pas tout à fait; l'amour de la sagesse ne regarde pas en face la sagesse de l'amour. Et enfin, il y a Isabelle (M. Rivière) qui sera le cupidon de Magali et Gérald. En effet, depuis que sa fille a pris son indépendance, Magali se sent un peu isolée et voudrait vivre une nouvelle histoire d'amour. Sa timidité, son manque d'assurance l'empêchent d'engager la moindre démarche en ce sens, qu'à cela ne tienne, comme dans un simple roman de gare, sa vieille copine Isabelle va se charger à son insu de faire paraître une annonce avant de tester elle-même le sérieux de Gérald (A.Libolt) le prétendant. Lui aussi, à l'aune d'un nouvel âge, est à la recherche paisible d'une femme qu'il aurait simplement plaisir à aimer. Avant de lui révéler son véritable but et de le présenter à la véritable intéressée, Isabelle en profitera pour, une dernière fois sûrement et sans conséquences, goûter au nectar des jeux de la séduction avant de retrouver la (les) tendresse(s) de son mari depuis vingt-trois ans. Plénitude précoce pour celle qui sera la grande architecte de ce marivaudage tranquille.
Pas le plus grand cru rohmérien où, encore une fois, les jeux de l'amour n'ont rien à voir avec ceux du hasard. Toutefois, une maîtrise narrative et picturale ennoblit ces aventures courtoises d'un glacis mordoré qui ferait passer cet automne pour un éternel été.
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le 4 oct. 2017
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