Bien sûr, il y a, comme souvent chez Hong Sang-Soo, un effet de sidération devant le "mécanisme" construit au sein du film, cette transition culottée entre le "film dans le film" qui n'en semble pas un, et "la réalité" qui revisite la fiction que l'on vient de voir, avec un décalage qui est tout sauf innocent. Et puis il y a le sentiment diffus qu'on ne comprend pas très bien où Hong Sang-Soo veut en venir, si ce n'est que, non, décidément, "le Cinéma ce n'est pas la Vie", malgré tout ses enchantements : oui, on peut regarder "Conte de Cinéma" comme un hommage intense au Cinéma qui copie, prolonge et enrichit la Vie mieux que tout autre Art, ou mais on serait sans doute tout aussi pertinent en constatant que, au contraire, il s'agit surtout d'une drogue dangereuse, qui remplit l'existence d'illusions (l'amour pour une actrice) tout en encourageant un dilettantisme mortifère (je pense à la conclusion, assez radicale : "Maintenant, il est temps que je vive…."). Mais peut-être que le mieux est se laisser simplement porter par l'enchantement, à la fois ténu et bouleversant, du spectacle de la liberté en action. Car même dans un film un peu moins impressionnant comme ce "Conte de Cinéma", même avec ses abus de zoom qui "trivialisent" sa mise en scène élégante, Hong Sang-Soo nous offre un cinéma lumineux, évident, magnifiquement mélancolique, mais sans aucune afféterie... [Critique ré-écrite en 2017 à partir de mes notes de 2010]