Ignorant de la littérature bukowskienne mais féru des outrances propres au cinéma de Marco Ferreri c'est en mi-profane que je pénètre ce Conte de la Folie Ordinaire, d'ores et déjà à moitié convaincu par cette ode aux paumés sublimes du bas monde, aux poètes maudits ivres d'amour et d'eau-de-vie. Résultat : un poème paillard et païen d'une beauté tantôt sensuelle et provocatrice, tantôt amère comme les larmes...
Quelques mots sur les atouts non négligeables du film de Ferreri : Ben Gazzara déjà, projectile humain chaloupant les rues sordides d'un Los Angeles décrépit, courant les femmes girondes et les culs spectaculaires, crevant l'écran d'un simple regard égrillard ; Ornella Muti ensuite, plus belle fille de la ville, pute étrange au pommettes rouges et aux yeux cernés d'encre noire, sensation d'éphémère motrice du désespoir de Charles. Sinon Los Angeles, ses bas-fonds, ses immeubles et ses intérieurs sont filmés comme jamais par le grand Tonino Delli Colli, Philippe Sarde nous préconise encore une fois une composition dont lui seul a le secret ( le thème leitmotiv fait l'effet d'un flamenco en mode mineur pas loin d'être bouleversant ) et la légendaire provocation de Marco Ferreri promet de formidables éclats d'Art interdit. Un film superbe.