La vie, c'est comme une bouteille à la mer
J'aime bien Bukowski. C'est toujours la même chose d'un roman à l'autre, presque, mais ça reste toujours sympathique. Adapter son oeuvre en film s'avère une chose compliquée ; déjà une adaptation signifie qu'il faut tenir compte du changement de médium, de ce que le réalisateur veut raconter, des moyens mis en oeuvre. Être fidèle est donc rarement la bonne solution, et tant pis si ça froisse les fans qui ne le comprennent pas.
Ferreri se montre assez fidèle, c'est en partie ce qui explique les problèmes du film : ça manque d'un objectif principal, c'est nettement moins drôle, moins cynique, moins crade... mais tout ça c'est parce que, dans le livre, on a cette petite voix de Bukowski qui vient toujours préciser ce qu'il se passe, alors qu'ici l'auteur choisit, certainement à juste titre, d'éviter la voix off. Il manque donc toute une part de la psychologie du personnage. On reconnaît les actions, mais il manque quelque chose que la caméra ne parvient jamais à combler.
Ca reste donc fidèle dans le sens où Bukowski reste Bukoski, c'est-à-dire un ivrogne, un bon à rien, un mec qui ne sait pas où il va, qui semble se laisser porter par les vagues de la vie. Le genre de truc qui fonctionne très bien en livre, mais moins bien en film.
N'empêche que le film rpésente des moments grandioses qui se passent de ces commentaires heureusement. Et à ce titre, on peut dire que le film tient vaguement sans la connaissance des livres. Mais il est certain que la connaissance de ceux-ci est un plus pour compléter ces trous dont je parlais.
La mise en scène est pertinente dans le sens où l'image est sale et les actrices un peu dégueux. Ben Gazzara est sympa, mais manque encore un peu trop de la crasserie de Hank. Il délivre tout de même une bonne prestation et se montre convainquant lorsqu'il joue le bourré.
Bref, "Conte de la folie ordinaire" est un film sympathique, mais un peu mou la faute à un manque d'objectif. On est un peu trop dans cet errement propre au personnage, et ce n'ets pas vraiment traîté de manière cinématographique. Ca n'empêche heureusement pas de passer un bon moment, c'est juste un peu long.
J'avoue avoir préféré l'adaptation de Factotum qui m'avait plus fait rire ; en l'occurence, la caméra parvient à y dire tout ce que l'absence de voix off continue signifie. Et puis Dillon était tout de même un peu plus bluffant, sans doute grâce à une ressemblance plus efficace.