Film autant réputé qu'il est longtemps resté invisible sur les écrans français, "Contes Cruels de la Jeunesse" est surtout dit comme l'un des premiers films de la nouvelle vague japonaise. Dans un Japon qui après la guerre et la défaite tente de se relever. C'est en ce lieu que les deux amants se rencontrent, tous les deux sont las, ils vont se livrer au racket en toute naïveté.
D'une beauté esthétique inqualifiable le récit est surtout mené comme un constat brutal, car le contexte politique et historique de l'oeuvre n'est pas mis en arrière plan mais explose sous nos yeux, sous le grand amour. Loin d'être une toile sans fond, le film suit deux héros remarquablement attachants qui ne vont pas se faire de cadeaux entre eux encore moins qu'il n'en feront aux autres. Comme cette sublime séquence en plongée ou l'amant menace de noyer sa dulcinée en l'empêchant de sortir de l'eau alors qu'elle ne sait pas nager et qui va ensuite lui tendre la main.
D'abord protecteur, ce sauvage va faire de son amour un appât pour attirer d'autres hommes. Ainsi le masochisme certain des protagonistes se fait ressentir et créé une ambiance autodestructrice et oppressante, cloisonnée entre une harmonie parfaite entre l'écriture et l'image.
Oshima parvient également à capter les décors naturels jusqu'à les étouffer. Le réalisateur explore, expérimente, et sort dans une dimension très expressionniste ou le drame reste traité avec un premier degré morbide, exigeant et désincarné.
Film sensationnel en tout point, magnifique expérimentation gagnante, autant au niveau de l'écriture que de l'image graphique et maitrisée. Les bruits urbains, la tension sexuelle certaine... assurément un grand film.