Je pensais que des deux films de Brac sortis en même temps, le grand film était L'île au trésor, et je voyais Contes de Juillet, réunion de deux moyens métrages réalisés en résidences, comme un complément dispensable. Que nenni ! Le grand film c'est icelui. Déjà parce qu'on y retrouve comme nulle part ailleurs dans son oeuvre, ce qui fait le sel de son meilleur film, Un Monde sans femmes, soit un croisement judicieux et personnel des oeuvres de Rohmer (déjà rien que le titre ici) et de Rozier. Là, c'est le premier film qui est rohmerien, un film tourné lui aussi intégralement à la base de loisirs de Cergy, comme L'île au Trésor, mais c'est le pendant fictionnel. Et la part de documentaire de ce film de fiction est évidemment parfaite, jouant avec le film vu la veille, et les deux forment un ensemble très cohérent. Les comédiens sont excellents, c'est du marivaudage amoureux, mais à un nouveau de perfection rarement atteint depuis Rohmer justement. Second film assez différent, et en même temps identique, plus orienté Rozier, surtout dans la magnifique partie chantée / dansée, et avec des personnages incroyables. Déjà l'italien masturbateur est le perso qui m'aura fait le plus marrer cette année avec le commandant de police du Mazuy, et le pompier arménien qui est un personnage d'une beauté rare. L'ensemble du film est léger, il se déroule le soir du 14 juillet 2016 avec comme héroïne une jeune étudiante norvégienne qui vit son dernier soir à Paris avant de rentrer chez elle. L'ensemble est radieux, même la nuit, drôle, tendre, et puis, alors que la soirée se termine, le réel nous rattrape puisque Brac laisse échapper les (vraies) infos d'alors, et on y apprend, en même temps que la protagoniste, l'attentat de Nice. Le documentaire rattrape la fiction, le projet se boucle dans la gravité alors que le ton donné était léger, l'ensemble est d'une cohérence folle, avec des personnages magnifiques, qu'il arrive à magnifiquement déployer en peu de temps (40 minutes à peine par partie) et sa mise en scène est aussi légère et discrète qu'essentielle.

FrankyFockers
8
Écrit par

Créée

le 7 août 2018

Critique lue 428 fois

4 j'aime

FrankyFockers

Écrit par

Critique lue 428 fois

4

D'autres avis sur Contes de juillet

Contes de juillet
Moizi
8

Vive l'été

Guillaume Brac propose ici avec ses deux courts métrages un film sur l'été, sur ses relations qu'il faut nouer et qui devront forcément prendre fin. Ainsi, logiquement le premier conte traite d'un...

le 23 juil. 2019

15 j'aime

Contes de juillet
FrankyFockers
8

Critique de Contes de juillet par FrankyFockers

Je pensais que des deux films de Brac sortis en même temps, le grand film était L'île au trésor, et je voyais Contes de Juillet, réunion de deux moyens métrages réalisés en résidences, comme un...

le 7 août 2018

4 j'aime

Contes de juillet
Yfigg
10

Vive l'été

J'aime beaucoup le cinéma de Guillaume Brac. Ses films fleurent bon l'insouciance de la jeunesse et de la saison estivale m'évoquant parfois l'amertume douce d'une fin d'été. Contes de juillet...

le 22 oct. 2021

2 j'aime

Du même critique

Forever Changes
FrankyFockers
10

Critique de Forever Changes par FrankyFockers

La carrière de Love n'aura duré que de 1965 à 1970. Un bien court moment, mais qui marquera à jamais l'histoire de la musique rock et qui fera du groupe le plus grand représentant du psychédélisme...

le 25 avr. 2012

67 j'aime

10

Body Double
FrankyFockers
10

Critique de Body Double par FrankyFockers

Pourquoi ce film est-il si important dans l'histoire du cinéma moderne ? Voici une question qui mérite d'être analysée, comme il convient aussi de s'arrêter quelque peu sur le cas Brian de Palma, le...

le 24 avr. 2012

60 j'aime

4

La Planète des singes - Le Nouveau Royaume
FrankyFockers
5

Critique de La Planète des singes - Le Nouveau Royaume par FrankyFockers

Bien sûr, cela reste un divertissement agréable, surtout en salle, mais le film est tout de même une déception surtout en regard des trois excellents opus qui précédaient, et qui ont fait que...

le 8 mai 2024

47 j'aime

1